Les indépendants, deuxième force politique dans le pays, qui aurait cru? C’est là le premier «lifting» opéré à l’APN où sans surprise, le FLN n’est plus majoritaire. Il s’agit d’un vrai cadrage opéré par l’Etat pour nettoyer la scène politique des parasites et du parrainage de l’argent sale. Les indépendants franchissent par la grande porte l’APN. C’est une sacrée avancée dans les annales politiques du pays. Relégués à la simple figuration lors des législatives sous l’ex-système «Boutef», se contentant de «sièges miettes» à l’Assemblée nationale, les Indépendants ont donc chassé la poisse qui les poursuit. Ils ont les coudées franches. Mieux, tout ce qui sera discuté, suggéré ou promulgué à l’APN, ne pourra désormais se faire sans eux. Le FLN a-t-il la chance de constituer le futur gouvernement, ou sera-t-il dans l’obligation de composer contre son gré avec les indépendants pour le constituer? Tout reste du domaine plausible même si des zones d’ombre persistent sur les intentions des uns et des autres de s’allier comme au beau vieux temps pour avoir la majorité ou ces expectations nourries sur fond de polémique ici et là sur les prétentions de certains partis de faire cavale en solo dans la perspective de la formation d’un futur gouvernement de «technocrates». L’échiquier politique n’est plus le même depuis les dernières législatives du 12 juin. L’ex-parti unique ayant perdu la majorité à l’APN, ce sont carrément les rôles des formations politiques siégeant qui sont redistribués. Et comment? Il fallait au FLN atteindre un minimum de 201 sièges pour pouvoir y siéger tranquillement et se mettre à l’abri des tractations et du jeu parfois déloyal de la concurrence et des alliances. Les listes indépendantes y sont en revanche en force avec 78 sièges. Ce qui leur procure du poids. Ils n’ont pas certes la majorité mais il va falloir aux autres partis compter sur eux. Les indépendants ont raflé, lors des élections législatives de samedi dernier, 78 des 407 sièges que compte l’Assemblée populaire nationale (APN). Ils réalisent ainsi un bond «très significatif» à l’APN, ce qui fait ressortir un «remodelage» assez perceptible de la scène politique nationale. Selon les résultats préliminaires, les indépendants s’imposent en tant que seconde force politique dans le pays, derrière le parti du Front de libération nationale (FLN), ayant obtenu 105 sièges, suivis du Mouvement de la société pour la Paix (MSP), classé 3ème avec 64 sièges. Les indépendants ont pris, ainsi, une avance sur nombre de formations politiques traditionnelles.
Compte tenu des résultats obtenus, les députés indépendants auront réalisé le défi de « la présence considérable » dans la composante de la nouvelle APN en concourant avec 1.208 listes électorales représentant 22.500 candidats, contre 1.080 listes partisanes. Ils ont tiré profit, en outre, de l’engagement du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, à financer la campagne des candidats, âgés de moins de 40 ans, afin de les mettre à l’écart de « l’argent sale dans l’action politique », outre « la moralisation de la vie politique, le renouvellement des institutions de l’Etat, la réhabilitation des institutions élues » et ce, dans le cadre de l’Algérie nouvelle et la réalisation des revendications du Hirak populaire du 22 février 2019. Selon plusieurs observateurs, les résultats obtenus par les listes indépendantes sont « historiques » dans le processus des différentes législatives qu’a connues le pays et ce, après avoir réalisé 28 sièges lors des législatives de 2017 et 19 sièges en 2012, enregistrant, ainsi, une tendance ascendante d’une période législative à l’autre. Toutefois, certains politologues, à l’instar de l’enseignant à l’université d’Alger, Laid Zoughlami, estiment que « les législatives de 2021 ne peuvent être comparées aux précédentes qui manquaient de régularité et de transparence ». L’obtention par les candidats indépendants de 78 sièges dans la composante de la nouvelle Chambre basse du Parlement traduit les aspirations de nombreux citoyens et citoyennes dans le choix de leurs représentants loin de toute couleur politique, idéologique et partisane, optant pour des députés indépendants dont la majorité sont des jeunes diplômés d’université. Cette volonté s’est traduite par les interventions des candidats indépendants lors de leurs campagnes électorales pour ces élections à travers « la focalisation sur les actions de proximité et les préoccupations quotidiennes des citoyens, loin du discours politique habituel ». Pour la majorité des représentants de ces listes, il est nécessaire de donner une occasion aux jeunes pour investir dans les différents domaines et tirer profit de la volonté politique de changement auquel les hautes autorités du pays accordent une grande importance », insistant également sur le volet relatif au développement et à l’amélioration des conditions de vie des citoyens ainsi que la prise en charge des préoccupations des citoyens et la lutte contre la bureaucratie ». Le président de l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), Mohamed Charfi, a estimé que « les listes présentées témoignent de la prise conscience de tout un chacun de la nécessité du changement qui ne saurait être opéré sans de nouvelles idées », affirmant que « cela est perceptible à travers le niveau des candidats aux prochaines échéances ».
