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Les déchets nucléaires, pas un tabou !

Désormais, les déchets nucléaires, laissés par la France en Algérie, ne sont plus un sujet tabou et le traitement de cette question est devenu essentiel pour l’avenir des relations bilatérales. Longtemps, la France a tenté d’oublier ce dossier. L’Algérie n’avait ni les moyens, ni la technologie jusqu’au début des années 2000 de prendre en charge ce « lourd » dossier. Il a fallu le début des années 2002 pour que des citoyens et/ou victimes des essais nucléaires et revendiquant un enquête sur la contamination des radiations et la réhabilitation des sites «contaminés». Le défunt Mohamed Abdelhak Bendjebbar, ancien militaire algérien chargé par sa hiérarchie de ramasser les épaves des essais nucléaires français dans le Grand-Sud, mènera un combat sans faille que ce soit en Algérie ou dans le Monde. Il deviendra ami avec Bruno Barillot, un des spécialistes de la question et proche de l’Association des victimes des essais nucléaires en France et en Polynésie. Grâce à ses relations et à ses interventions au niveau de la presse internationale, il sera invité en août 2002 par Genisken, l’imposante association japonaise des victimes d’Hiroshima et de Nagasaki. Le défunt, ancien militant au RCD, a, en 2007, intervenu devant le Sénat français en tant qu’invité de l’Association des victimes des essais nucléaires. Son Association, non agréée par les institutions au début, a joué un grand rôle dans la sensibilisation et la mobilisation autour de ce problème. Aujourd’hui, le problème est pris en charge par l’Etat et la France est attentive à tout ce qui se dit et se fait en Algérie. Alger vient de créer une Agence pour la réhabilitation des sites des anciens essais nucléaires. De 1960 à 1966, l’armée française a procédé à 17 essais nucléaires dans le Sud algérien, sur les sites de Reggane et In Ekker. C’est un des enjeux majeurs de la réconciliation des mémoires entre la France et l’Algérie. Un sujet resté longtemps enterré dans les sables du Sahara: la pollution du Sud algérien par les essais nucléaires français. En 1962, l’Algérie devient indépendante. Les essais continuent. Une majorité, onze, a été réalisée entre 1962 et 1966 et donc avec l’accord des nouvelles autorités algériennes. Systématiquement, les déchets engendrés par ces essais sont enterrés, explique Jean-Marie Collin, porte-parole de Ican-France (Campagne Internationale pour l’Abolition des Armes Nucléaires) qui a publié une étude avec Patrice Bouveret, «Sous le sable, la radioactivité!», comme rapporté par RFI. «Très clairement, la France a une volonté d’enfouissement, souligne Jean-Marie Collin. Elle considère le désert comme un océan, un océan de sable, et elle enterre tout ce qui est susceptible d’être contaminé. L’indépendance algérienne et le fait que la France ait quitté l’Algérie dans des conditions un peu compliquées, cela n’a pas joué en faveur d’une dépollution. Bien au contraire, on a laissé encore plus de déchets». A ce jour, aucun recensement officiel des personnes exposées, qu’elles soient françaises ou algériennes. Une seule victime algérienne a été indemnisée dans le cadre de la loi Morin (2010). La création en Algérie d’une Agence de réhabilitation des sites des essais est une étape importante pour Jean-Marie Collin d’Ican-France. La France devra s’activer dans ce dossier pour faire avancer la réhabilitation de l’histoire entre les deux peuples.

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