Quel impact économique des accidents de la route sur la croissance en Algérie? Combien coûte un accident de la route à une famille endeuillée ou aux assurances? Une étude inédite récente montre qu’une réduction de 10% de la mortalité routière dans un pays du monde entraîne une augmentation en moyenne de 3,6 % du PIB réel par habitant, en une période de 24 ans. Ce qui pose la nécessité de déclencher des analyses comportementales pour cerner les attitudes des conducteurs au volant. Il existe plusieurs façons dont les accidents de la route coûtent cher aux économies. D’abord, les dégâts matériels, ensuite les pertes sur le lieu du travail, les pertes sur les rendements des ménages et enfin les coûts économiques dus aux assurances et aux remboursements, selon les experts. Aux Etats-Unis, les coûts économiques dus à ce phénomène sont de 242 milliards de dollars par an alors que celui de l’économie mondiale atteint facilement les 614 milliards de dollars par an. Qu’en est-il pour l’Algérie? Difficile de délimiter les montants des factures avec précision mais des chiffres récents font état de pertes économiques de l’ordre de 100 milliards de dinars annuellement. Une facture annuelle bien salée que celle engendrée par les accidents routiers en Algérie. Pas évident de ne pas tirer une nouvelle fois la sonnette d’alarme. Mais, on y a rarement évoqué le manque d’analyse des comportements des individus en Algérie pour en évaluer les incidences sur le coût de l’économie. Les participants à une journée d’étude sur « le renforcement de la conduite défensive et la préservation de la sécurité routière en Algérie », organisée ce jeudi à Alger, ont appelé à la nécessité d’impliquer des spécialistes en analyses comportementales dans la vulgarisation de ce concept, d’autant que le facteur humain demeure la principale cause des accidents de la route. Ce nouveau concept sur les analyses des comportements est de rigueur dans le monde mais reste peu connu dans le pays d’où l’urgence de le développer et le vulgariser. Le phénomène des accidents de la route « a des impacts économiques, sociaux et environnementaux majeurs d’où la nécessité de recourir à des spécialistes en analyses comportementales » pour tenter de freiner ce fléau, précise en effet le président du Conseil national économique, social et environnemental (CNESE), Bouchenak Khelladi Sidi Mohammed, indiquant que les mesures coercitives et techniques ainsi que les points de contrôle routier s’avèrent « insuffisants ». Il a jugé nécessaire, dans ce contexte, « d’impliquer des spécialistes en analyses comportementales dans la cristallisation des solutions à ce phénomène, dans l’examen des mesures à prendre et surtout dans la vulgarisation du concept de la conduite défensive ». Le Conseil s’engage à « soumettre toutes recommandations aux plus hautes autorités du pays d’où il revient aux participants de contribuer efficacement à la prise de décision concernant ce phénomène ». De son côté, le spécialiste en Economie des transports à l’Ecole des hautes études commerciales (EHEC), Fares Boubakour, a passé en revue les indicateurs aggravant davantage ce phénomène, saluant les efforts jusque-là déployés par les autorités du pays. Les accidents de la route coûtent au Trésor, des pertes d’une valeur de 100 milliards de DA/an, a-t-il déploré. Intervenant à cette occasion, la sous-directrice du Trafic routier au ministère des Transports, Hassiba Gouasmia, a abordé l’aspect juridique lié à la circulation et souligné, par là même, l’importance d’adopter « la conduite défensive » comme stratégie de conduite. Elle a également jugé nécessaire de se focaliser sur la conscientisation et la formation, « en lançant des campagnes nationales de sensibilisation + à intégrer dans les programmes scolaires +, en renforçant le volet de la formation et en créant un fonds spécial d’appui à la sécurité routière ». A noter que le CNESE a honoré, à cette occasion, la famille de feu Mohamed Lazouni dit « Chorti El-Mekhfi », connu pour son émission « Tarik Es-Salama » de la télévision publique, eu égard à ses efforts en matière de sécurité routière et de sensibilisation au danger de l’irrespect du Code de la route.
