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Législatives: Ambitions effrénées ou signaux démocratiques ?

De toutes celles qui ont eu lieu depuis l’avènement d’un multipartisme sempiternellement remis en cause, celles de ce 12 juin 2021 feront incontestablement date dans l’histoire politique du pays. La ferveur qui s’est emparé des prétendants à l’occupation des sièges de l’assemblée nationale n’a pas connu de pareille auparavant. D’aucun avancerait que cela est dû à l’adoption des pouvoirs publics d’un autre mode de scrutin présenté comme « scrutin de liste ouverte à la proportionnelle avec vote préférentiel sans panachage». L’initiative a ses mérites dont le plus notable est la suppression de l’ordre d’une prépondérance de fait des noms sur les listes partisanes ou indépendantes, et donc de la notion de tête de liste. L’élimination du commerce des voix, l’éradication du favoritisme, la surenchère en matière d’allégeance aux puissants du moment sont venues conforter un espoir de voir disparaître à jamais ces pratiques, découvertes avec stupeur par le peuple algérien au lendemain de la chute du régime précédent, et exercées par ceux-là même qui détenaient tous les leviers de pouvoir d’un état voulu comme exemple d’équité, de justice et d’égalité entre tous ses citoyens. Ces prémices favorables de changement laissent entrevoir l’abandon d’une résignation sur le point d’en finir avec les velléités de libre exercice de ses droits civiques, et la fin de la confiscation en masse des choix politiques de tout un chacun, ainsi que leur détournement dans le sens des intérêts vilement et odieusement égoïstes de clans de décideurs pris d’une boulimie insatiable sur l’ensemble des richesses du pays et la conscience collective de tous ses citoyens. Cette mainmise n’a été possible que par le truchement d’élections tronquées et manipulées à volonté, au gré des desideratas des tenants des régimes despotiques successifs. C’est dire l’urgence de l’assainissement des urnes et des mentalités pour qu’enfin puisse s’imposer une bonne fois pour toute l’exercice d’une activité politique réellement transparente, hermétique à toute manœuvre d’accaparement frauduleux de la volonté des électeurs. Sera-t-il bien le cas cette fois-ci ? On serait tenté de croire que ce sera la bonne au vu des allures de ces joutes qui ne s’avèrent pas propices pour contrarier le vent d’optimisme ambiant, qui exalte manifestement la ferveur des protagonistes du jour, les uns longtemps emmurés dans un silence forcé et antagonique, les autres pour aussi néophytes qu’ils soient, n’en sont pas moins repus d’un désir irréfrénable de rompre le monopole sordidement éternel, d’une parole prisonnière dans le carcan liberticide, échafaudé sciemment et perfidement par une caste de malfrats politiques, qui a trop longtemps écumé les plus hautes institutions de l’Etat sans aucune décence ni la moindre retenue. Certes, le foisonnement des listes qui prospèrent à travers tout le territoire national, ne s’accompagne pas toujours d’une démonstration de compétences, d’expériences ou d’habiletés confirmées, garantissant des aptitudes à l’exercice politique. Néanmoins, l’intrusion des jeunes, davantage de femmes et de tous ces nouveaux venus dans l’arène, est certainement le signe que bien des dogmes gravés naguère à la gloire de l’unicité de pensée vont s’effriter, et tous les instruments juridiques façonnés dans le sens et vil dessein de s’approprier indûment des privilèges exorbitants seront frappés de nullité par abrogation légale. Puisse-t-il en être ainsi de façon irrévocable, pour l’épanouissement de notre pays.

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