L’ancien sociétaire de Tottenham, Newcastle et Schalke 04, actuellement au SCO Angers, est revenu hier sur ses déboires en Bundesliga. «La première mise à l’écart est intervenue en mars 2019, alors que ma femme était enceinte. Elle attendait nos jumeaux. On a passé quatre mois à l’hôpital, ce sont des moments difficiles. C’était du 50-50 (pour que la grossesse aille à son terme). Tout le monde savait au club que je traversais une période difficile, donc je ne m’entraînais pas toute la semaine et pourtant je jouais le week-end. J’aurais préféré ne pas jouer car je n’étais pas bien mentalement. J’étais à l’hôpital tous les jours. Tu ne dors pas la nuit, tu manges mal, tu es stressé. Tu vas à l’entraînement et l’hôpital t’appelle parce qu’il y a un problème. C’est une galère. Et le week-end où on va jouer à Leipzig, une nouvelle direction arrive au club. Moi, je suis blessé et je ne viens pas au match parce que ma femme accouche. Le lendemain, je viens au club et le coach (Huub Stevens) me dit d’aller en réserve. J’ai essayé d’expliquer que ma femme venait d’accoucher. Il ne voulait rien savoir. C’était difficile pour moi parce qu’il y avait ce sentiment d’injustice et je ne pouvais pas trop en parler» révélait, à ce sujet, le milieu de terrain des Verts lors de la Coupe du Monde 2014, au Brésil, sous la coupe de Vahid Halilhodzic. Et d’enchaîner: «Pour la seconde mise à l’écart (novembre 2020-février 2021), on avait un cours d’allemand avec Amine Harit et on est arrivés en retard. Dans le bureau, on était attendus au tournant. A Amine, ils ont dit: “Tu vas payer une amende.” Et à moi: “Toi Nabil, tu sais où tu vas. Tu vas retourner en réserve.” Voilà. Je ne me suis pas exprimé dans les médias car je ne voulais pas grossir l’affaire et aller contre le club. Je sentais que j’allais perdre et ce n’était pas mon but, je voulais encore jouer pour Schalke. Après, pour justifier ma mise à l’écart, alors que j’étais un cadre de l’équipe, il (Stevens, qui était redevenu entraîneur) a dit, en gros: “Nabil, il fout la merde dans l’équipe.” J’ai fait le con, aussi, en arrivant en retard de quinze minutes au cours d’allemand. Mais est-ce que ça vaut des mois de placard? Quelques mois plus tard, alors qu’on continuait à perdre des matches, le groupe est allé voir le directeur sportif (Jochen Schneider) pour dire qu’il fallait arrêter avec Nabil et qu’on avait besoin de lui dans l’équipe. Si j’avais été aussi mauvais que ça dans le groupe, on n’aurait pas demandé mon retour». Pour Bentaleb, «il y a eu un acharnement». «Quand ma femme était enceinte et que je devais venir au match, j’aurais dû envoyer un message pour prévenir. Après, on a eu des échanges avec le coach, j’aurais dû, peut-être, lui en dire moins sur ce que je pensais de la situation. Peut-être que j’aurais mieux fait de la fermer. J’ai fait le con, aussi, en arrivant en retard de quinze minutes au cours d’allemand. Mais est-ce que ça vaut des mois de placard ? Quand tu vois que, peu importe ce que tu fais, ça n’avance plus. C’est mieux de partir. De recommencer un nouveau challenge. La première chose, c’est de reprendre plaisir à jouer au football. Parce que quand j’étais à Schalke, je me suis dit que j’allais arrêter le foot. Mais c’était passager. Après, tu te dis, arrête tes bêtises», renchérira celui qui est devenu titulaire au SCO et qui n’a pas oublié le soutien de Djamel Belmadi à ce moment charnière de sa carrière. «On a eu une conversation avant la CAN 2019, il est venu à Düsseldorf, on a pu échanger. Je devais aller à cette CAN mais j’ai dû me faire opérer aux adducteurs. C’était un mauvais timing. Mais Belmadi a toujours été droit, juste. Il m’a envoyé un message de soutien quand il y a eu cette histoire», soulignera-t-il.
