Le 14 juillet 1953, un événement tragique oublié. Avant cette date, le 14 juillet était également marqué par une manifestation ouvrière. Ce jour-là, des individus se faisant appeler les «Français Musulmans d’Algérie» défilaient aux côtés du cortège syndical. À la place de la Nation, ils sont accueillis par une force de 2.000 policiers et gendarmes qui ouvrent le feu. Six d’entre eux sont abattus par balles ainsi qu’un militant de la CGT qui tentait de s’interposer. Ces victimes ont pour noms: Amar Tabjadi, Abdallah Bacha, Larbi Daoui, Abdelkader Dranis, Mohammed Isidore Illoul, Medjen Tahar et Maurice Lurot. Comme le tragique massacre du camp de Thiaroye, cet événement est aujourd’hui négligé dans les pages de l’histoire de France. Un massacre qui avait, à l’époque, défrayé la chronique pour dénoncer la violence policière par des intellectuels et toute la gauche. Une manifestation pour fêter la Révolution française pour les syndicats et associations, pour exiger la libération de Messali Hadj et une modification des rapports entre la France et l’Algérie, oscillant entre autonomie et indépendance pour le MTLD. À la fin de la manifestation, place de la Nation, la police tire sur les manifestants et fait plus de 50 blessés graves qui viennent s’ajouter aux sept morts. L’enquête menée après le débat parlementaire est close en 1956 par un non-lieu. En ce qui concerne les manifestants, «leurs dépositions ne sont pas claires, on n’arrive pas à comprendre». Seules sont retenues celles des policiers dont le tireur d’une balle identifiée dans le corps d’un mort et qui déclare: «J’avais tiré en l’air». Le PCF vient de remuer le couteau dans la plaie, en exigeant aujourd’hui une reconnaissance de ce crime et de réhabiliter la vérité. «Cet assassinat, couvert par le pouvoir politique et les responsables de la police parisienne de l’époque, inaugurait les années de répression colonialiste qui allaient ensuite ensanglanter l’Algérie et la France.
Aujourd’hui, alors que l’extrême droite multiplie les appels à la haine contre les migrants et nos compatriotes d’origine étrangère, le Parti communiste français n’entend pas laisser l’oubli s’installer. Le racisme et la xénophobie conduisent au crime», lit-on dans un communiqué du 12 juillet 2023. «Il est bien sûr que les victimes du 14 juillet ont été un peu tuées aussi par un racisme qui n’ose pas dire son nom», écrivit Albert Camus au Monde. Daniel Kupferstein, réalisateur et documentariste, auteur des «Balles du 14 juillet 1953» indique: «À partir de 1950, le MTLD/PPA2 s’est joint à la manifestation sur ses propres mots d’ordre en fin de cortège. Pour ce 14 juillet 53, le mouvement nationaliste a fait un large appel regroupant quasiment un tiers de la manifestation, entre 6 et 8.000 personnes sur 16 à 20.000 manifestants. Après, les manifestations du 14 juillet ont été interdites et avec la guerre d’Algérie, toutes les manifestations, y compris le 1er mai, ont été bannies jusqu’en 68… Il y a eu un mensonge d’État du côté du juge d’instruction, un mensonge de la police, des policiers, dont certains déclareront plus tard: «On nous a dit de ne pas raconter ce qui s’était vraiment passé». Magouille avec les douilles des balles qui ont disparu. Malgré l’identification des balles retrouvées dans les corps des victimes, un policier ainsi identifié a déclaré ne pas comprendre: «J’avais tiré en l’air». L’enquête s’est arrêtée là».