Accueil » CHRONIQUE » L’art déco du tissu urbain oranais : un souvenir éteint

L’art déco du tissu urbain oranais : un souvenir éteint

Après l’air jovial de la nuit blanche qui a pu rassembler les oranais, la balade urbaine du samedi a été le prélude d’une déambulation heureuse pour découvrir le livre de la doctorante Nabila Métaier intitulé «Oran Art Déco». Pour contextualiser la dynamique de l’esthétique urbaine, l’association Bel Horizon s’est fait le chantre de l’esprit frondeur pour retisser le lien avec l’espace public, devant une altérité qui connaît depuis fort longtemps une dégénérescence du tissu social dans tous ces volets. Le savoir architectural qui lie Art et déco favorise une dynamique subjective de la ville, cette vitalité refonde l’incorporation de la mémoire qui ne laisse pas les habitants indifférents. L’autrice après avoir contextualisé l’histoire mouvementée de l’art déco de par le monde et plus particulièrement en Algérie pendant la période coloniale, la chercheuse doctorante a fait une conférence en exposant les grandes lignes de son ouvrage sur la ville d’Oran. Avec une constante lucidité, une inégalable vivacité d’esprit, la conférencière avait esquissé le voyage d’implantation architecturale qui s’est fait en spécifiant l’historicité de plusieurs bâtisses, du centre-ville d’Oran. L’opération énonciative de la ville comme création artistique pour reprendre Georges Duby, permet de fertiliser le lien entre tissu urbain et création artistique des villes. Dans ce sillage, la mise en relief de l’art déco avait enrichi le paysage urbain de la ville pendant la colonisation en faisant évoluer les contours des bâtisses par des ornements décoratifs avec leur fondement de signifiance singulière. Dans le cheminement de son exposé, l’oratrice avait mis en avant deux concepts importants quant au développement de la sociologie urbaine, modernité et émancipation ; cela dit, par le versant constructif de la modernité, nous pouvons dire avec le penseur Meschonic, qu’il convient tout d’abord de préciser qu’il s’agit plus d’une notion à expliquer qu’un concept explicatif en raison des différentes approches, définitions et confusions qui lui sont liées. Parmi ces dernières, on peut citer celles qui consistent à la confondre avec contemporanéité ou celles plus fréquentes qui l’enferment dans des dualismes et oppositions avec la tradition d’un côté ou la présentent comme rupture de l’autre. Compte tenu de son caractère polysémique, on peut partager l’idée selon laquelle « il n’y a pas de sens unique de la modernité » (H.Meschonic) et que cette « prolifération de sens » nous permet de la qualifier, en reprenant E.Laclau, de «signifiant flottant» qui renvoie à la diversité des dimensions et angles sous lesquelles elle est appréhendée. À défaut d’un tel cheminement fonctionnel de la modernité urbanistique, le dessin cynique d’une politique environnementale reste inamovible au lieu de chérir ce legs comme un trésor infiniment précieux, pour faire parler l’hétérogène. Une telle consumation démontre le manque de civisme flagrant, la gestion des déchets est une parfaite illustration de la décrépitude du tissu urbain voire l’état de délabrement des immeubles. Sommes-nous frappés de schizophrénie pour nous éloigner d’une réalité manifeste. Dans la ville d’Oran à quelques mètres de la wilaya, des ordures d’où se dégagent des odeurs nauséabondes jonchent le sol. A la saleté il faut ajouter les bruits sonores tels que les klaxons de bus qui plongent le citoyen dans une complainte débordante d’amertume et de dégoût face à ce délitement social. Nous demeurons les témoins passifs de la frustration sociale ; le débat se fige dans le ressassement et la régurgitation morose de la description de l’état des lieux qui se heurte à une psychothérapie adaptative à « l’impuissancialisme ». Le tissu urbain déverse sa grise mine en consommant sa laideur dans la prolifération des promotions immobilière qui dénaturent le tissu urbain. Sous cet angle de vue, la prolétarisation des esprits «communisent» avec la spéculation de l’immobilier. Enfin pour endiguer la folie sociopolitique de l’environnement, le «convivialisme» au sens d’Alain Caille sociologue, pourra-t-il faire advenir l’art déco dans un milieu contraint?

À propos Adnan H.

Laisser une réponse

Votre adresse email ne sera pas publiéeLes champs requis sont surlignés *

*

x

Check Also

Le CDES, 60 ans après, quelle fenêtre de consécration !

Le paysage culturel voire livresque ...

La place du désir d’écriture chez les étudiants (es)

Le département des langues d’Oran ...

DOUNIA : La singularité du CORPS PSYCHIQUE

Après avoir fait une lecture ...

DOUNIA: La singularité du CORPS PSYCHIQUE

Pour lutter contre l’abjection de ...

DOUNIA: La singularité du CORPS PSYCHIQUE

DOUNIA: La singularité du Après ...