La repentance n’est pas une faveur

La France altière, encore imbue des épopées napoléoniennes et de son siècle des lumières. Mais un tantinet, oublieuse des déroutes que lui a infligées l’histoire, à telle enseigne qu’elle perd facilement de vue le sens du concept de l’humilité, une vertu qu’aussi bien les hommes que les Etats bien avisés, possèdent et s’occupent sagacement d’entretenir. Ce n’est plus en cette ère que nous vivons, dominée considérablement par l’exigence du pragmatisme et de la lucidité du jugement, qu’il y a lieu d’exhiber comme à la parade des signes ostentatoires d’un lustre désormais discutable. Eh Oui! Mr Macron, grandeur passée et décadence aux aguets. Inadmissible dans l’entendement commun que vous vous interdisiez d’exprimer la repentance et les excuses de la France pour un passé colonial que vous savez plein d’horreurs de tous genres et qui n’est du reste ni le fait de votre génération ni certainement un objet de votre fierté. Il faut également que vous sachiez Mr le Président que ce n’est pas une faveur que vous demande l’Algérie, mais un droit légitime et suffisamment raisonnable. Ce sont les mêmes revendications qui ont animé et guidé l’esprit des promoteurs de l’octroi symbolique du prix Nobel de la paix à l’Union Européenne en 2012. Les mots excuses, pardon et repentance ont été vedettes dans le langage employé, et sans la moindre édulcoration, par les analystes de tous horizons politiques qui avaient couvert l’évènement. C’est dire la vanité de l’obstination de s’ancrer dans une posture intenable commandée uniquement par de vulgaires motivations d’ordre politique, adossées à des pulsions malvenues d’orgueil mal placé car obéissant seulement à l’incommodité de se dédire. Je conviens que ce serait pour vous une redite que de vous rappeler les épisodes monstrueux qui ont caractérisé la conquête et la colonisation de l’Algérie, et mis la France en accusation devant l’opinion mondiale de l’époque, pour les faits innommables perpétrés en masse par sa soldatesque sur des victimes sans distinction d’âge ni de genre, sans commune mesure avec même ce qu’ont commis les nazis pendant l’occupation de votre pays. Cela ne n’exhorte-t-il pas aujourd’hui à un acte de repentance de la France des Droits de l’Homme? Que vous coûterait ce geste, en comparaison d’expéditions meurtrières d’une barbarie effroyable, infligées à toute une nation pendant largement plus d’un siècle, et menées à une si grande échelle qu’elles sont intégrées par la communauté internationale dans le champ de définition des crimes contre l’humanité? La seule éventualité que vous auriez à appréhender, c’est de saisir une opportunité historique de vous dissocier sans ambages de l’indicible inhumanité des Pélissier, Bugeaud et autres Aussaress et de vous proclamer incontestablement des nobles idéaux des Moulin, Bidault et Aubrac. Cela ne ferait que convertir votre appréhension en dignité.