Reconnaître que le martyr Ali Boumendejel ait été torturé puis assassiné par les forces colonialistes françaises, est un bon pas vers le bon sens. La décision du gouvernement français de procéder à une déclassification des archives de la guerre d’Algérie, ferait, parait-il, partie de ce processus de retour à la raison, chez la classe politique de ce pays. Il n’est plus question que l’on occulte une histoire relativement récente dont une partie des témoins oculaires sont toujours vivants. Début des années 1980, le gouvernement algérien, sous la présidence du regretté Chadli Bendjedid, avait – rappelle-t-on – demandé au gouvernement français de l’époque de restituer les archives algériennes. Le gouvernement de Mitterrand avait répliqué par une réponse plus vilaine que fourbe. L’alibi avancé, en ce moment un peu crucial, à Paris, c’était que les archives contenaient des noms d’Algériens qui avaient collaboré –harkis ou quelque chose comme ça- pendant la guerre de libération avec les forces colonialistes. Il s’ensuit qu’après cette réponse qui nous paraissait, alors que nous étions jeunes connaissant peu les clivages et les dessous de la politique officielle, comme étant un autre épisode ou une autre forme de «collaboration» avec une puissance étrangère, ayant osé prendre en otage une partie de la mémoire nationale. Le problème des archives nationales, toujours «bloquées», ailleurs, a été, avant tout, victime de calculs politiques. C’était devenu, juste, un moyen pour exercer des pressions ou faire chanter l’adversaire, quand une crise surgissait entre Alger et Paris. Les gouvernements algériens qui se sont succédé, depuis l’aube de l’indépendance, ne se sont jamais intéressés sérieusement, – dire même honnêtement- par la question de la restitution des archives… Nous parlons ces jours-ci des archives de la guerre de libération, alors qu’en principe, ces documents appartiennent au gouvernement français. Mais les archives à devoir impérativement réclamer, ce sont bien les archives de l’époque ottomane, ainsi que les bibliothèques de manuscrits qui ont été «confisquées» dès les premières années de la colonisation. Même, si ces documents étaient restitués, ils ne le seraient pas, avant qu’ils soient bien «traités». La France ne va pas, quand même, s’amuser à vous rétrocéder des archives contenant des informations compromettantes, capables de la condamner. Il n’y a pas un endroit en Algérie qui ne soit témoin d’un crime commis en cette «terre sainte» des martyrs… L’actuel gouvernement algérien est au courant du rôle malhonnête de la France, à l’époque du Hirak, alors qu’elle soutenait clairement le maintien du régime déchu et le sinistre 5ème mandat. Actuellement, également, elle est clairement proche et ses medias soutiennent, sans hésitation, le mouvement extrémiste qui s’est fait, aussi appelé «Hirak» …