18 février, une date devenue marquante dans le calendrier révolutionnaire du pays. Elle incarne la bravoure, la témérité et le défi à la puissante et impitoyable armée coloniale, avec pour seule mais décisive arme l’audace face à la mort certaine. Il ne pouvait en être autrement car pour ce peuple vaillant la liberté n’avait aucun prix. La commémoration de cette date a été à la hauteur de sa valeur symbolique. Les autorités locales avec à leur tête le Wali de Mostaganem, se sont déplacées sur les lieux pour donner un cachet officiel à l’évènement. Ils étaient tous là : familles, proches et compagnons des chouhada, anciens moudjahidine encore parmi nous, les doyens scouts qui ont recréé une ambiance patriotique en entonnant des chants appropriés à la circonstance, aux riverains de la place mythique de Tigditt se sont joints des citoyens de tous les coins de la ville, les retrouvailles ont été nombreuses et intenses. “El kahira“ accapare toutes les attentions. C’est dire que la ferveur était à son comble en cette journée illuminée d’un soleil plus que généreux. La place auréolée d’un grand portrait du chahid Benhaddi Mohamed s’est révélée trop exiguë pour contenir la foule, fortement désireuse d’assister à l’évènement qui s’est déroulé pour la 1ère fois à Tigditt. L’endroit n’avait pas été choisi par pur hasard, c’est sur cette place que fut hissé le drapeau la veille du 1er jour de l’indépendance. D’aucuns se rappellent de cette triste soirée de fin de la guerre où, dans des clameurs faites à la fois de pleurs, de cris de deuil et aussi de youyous de femmes, l’on égrena la gorge serrée, les noms de ceux qui ne reviendront pas du champ d’honneur. Les cris de désespoir qui s’en suivirent furent cette nuit-là autant d’annonces de veuvages et de multiplication d’orphelins, mais aussi de fierté pour le sacrifice suprême consenti à la nation. Et c’est dans cette partie de la ville que naquirent des hommes illustres, je veux nommer, entre autres bien nombreux, les Benaïed Bendehiba, Benzohra Ghali, Benyahia Belkacem, Ould A?ssa Belkacem, Belhadj. Des noms dont la résonance fait frémir de respect et de considération toute la population mostaganémoise. Ce sont ceux-là, en effet, qui ont nargué l’artillerie et les tanks de l’ennemi, avec uniquement des armes de poing si ce n’est à mains et poitrine nues comme le fit héroïquement Belhadj qui n’a pas hésité à aller au devant d’un blindé en furie pour y laisser sa vie. Comme dans la sacralité d’une consigne parvenue de l’au-delà, la mémoire de ces héros s’appropria des cœurs et des esprits, et s’imposait au long de cette célébration de tout le poids du souvenir de leur bravoure.
Tigditt en oublia son état de délabrement avancé, elle le vit aujourd’hui comme la pire ingratitude qu’elle n’ait jamais connue depuis l’indépendance, elle qui fut le berceau du nationalisme à Mostaganem, le foyer de la lueur patriotique, l’école qui insuffla l’idéal de la libération. Et on a oublié qu’à la ville de Mostaganem, dans la lutte ouverte ou secrète tout est parti de là
