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Il leur a promis une loi de reconnaissance et réparation. Réélection de Macron: Les Harkis à la rescousse

Le pouvoir français continue dans son traitement sélectif du dossier de la colonisation et ce, en accélérant la cadence à chaque approche des grandes échéances politiques. En effet, après «la reconnaissance des souffrances et les réparations des essais nucléaires français en Polynésie», le président Macron récidive cette fois-ci en annonçant une «loi de reconnaissance et de réparation» en faveur des harkis de la guerre d’Algérie. Le chef de l’Etat Français qui a, depuis l’Elysée, où il a rencontré, avant-hier, quelque 300 harkis, descendants ou représentants, regretté, «à voix haute et solennelle», les «manquements» passés de la République vis-à-vis de certains de ses «enfants».
«Aujourd’hui, au nom de la France, (…) je demande pardon», a-t-il lancé, s’engageant à «panser les plaies tant qu’elles ne seront pas refermées». Une loi qui sera concoctée avant la fin de l’année en cours, en confiant à son gouvernement la rédaction d’un «texte de loi de reconnaissance et de réparation». Le projet qui «n’a pas vocation à dire ce qu’est l’Histoire», devra en revanche souligner la «singularité» et la «spécificité» de «la question harkie». Une commission nationale va donc être mise en place, pour «superviser le processus de recueil des témoignages» des victimes de «l’abandon militaire» et de «la maltraitance des familles sur notre sol», après le conflit. En somme, la France officielle traite avec deux poids deux mesures le dossier de la mémoire et ses retombées en Algérie. Macron cède sur les dossiers du nucléaire en Polynésie et des harkis, à quelques mois de la présidentielle française et commande un rapport sur mesure pour Benjamin Stora pour « réconcilier les mémoires autour de la colonisation et la guerre en Algérie». Un rapport qui s’adresse beaucoup plus à la France qu’à l’Algérie et ce, pour des raisons évidentes électorales. Décidément, à lire le rapport Stora, Macron qui compte se représenter pour sa propre succession aux élections françaises prochaines, drague l’électorat de l’extrême droite concernant les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie. Un rapport qui reprend parfaitement les positions de l’extrême droite sur notamment les questions des Harkis et les lobbys des nostalgiques de l’Algérie Française. Ces derniers sont un vivier électoral qui s’ajoute à l’électorat de la Polynésie Française, amadoué en pareille constance. Alors candidat aux présidentielles françaises de 2017, Emmanuel Macron a qualifié la colonisation française en Algérie «de crime contre l’humanité» avant de privilégier les «actes symboliques» contre «toute excuse ou repentance», une fois à l’Elysée. Macron ne fait réellement que perpétuer la tradition du double jeu et les revirements versatiles de la France concernant le dossier de la colonisation et se prépare à briguer un deuxième mandat, en comptant sur le vivier électoral des Harkis et de leurs descendants qui votent toujours pour la droite et l’extrême droite française. Bien que considérée comme une affaire franco-française, la question des Harkis figure en bonne place dans le contentieux mémoriel entre l’Algérie et la France. Le président Abdelmadjid Tebboune impute le contentieux mémorial qui pèse sur les relations algéro-françaises aux trois lobbys en France. Aucun ne s’entend avec l’autre, et chacun est influent. Il y a le lobby de ceux qui sont partis d’Algérie après l’indépendance. Leurs descendants entretiennent l’esprit de la haine des Algériens. Il y a un autre lobby qui est celui des Algériens qui ont choisi de soutenir la France (allusion aux harkis) et le dernier est celui de l’ancienne OAS (Organisation armée secrète) qui active toujours en France», avait-il alors déclaré, en juin dernier, dans un entretien à Al Jazzera. Ces lobbies influent sur la politique française, notamment dans les grands rendez-vous de la vie nationale de l’Hexagone. Embusqués aux aguets, ils attendent des moments propice du règlement des questions de la mémoire de la colonisation pour se dresser en rempart. Ce sont de véritables contrebandiers de la mémoire, tapis dans l’ombre à l’Hexagone, ils agissent au gré des événements marquant les différentes étapes de l’ouverture des dossiers de la mémoire. Ils ne s’entendent pas certes entre eux mais ont en commun d’être tous des nostalgiques de l’Algérie Française et du paradis perdu dont l’histoire s’est pourtant débarrassée d’eux en scellant leur sort dans sa poubelle. Oui, l’Algérie restera éternellement attachée au règlement global du dossier mémoriel qui passe par la reconnaissance officielle, définitive et globale par la France de ses crimes et des indemnisations équitables. Une Algérie qui garde en mémoire son histoire qui reste un modèle pour les générations futures. En refusant de s’excuser pour la colonisation de l’Algérie et au même moment, en adoptant un profit bas face aux Harkis, Macron sacrifie la réconciliation des mémoires sur l’autel des prochaines élections présidentielles françaises.

À propos Hocine Smaali

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