Entre le report ou l’annulation du tournoi africain continental du football de 2022, les évènements semblent avoir, au bout du compte, donné raison aux arguments de l’instance dirigeante africaine. Le bras de fer, opposant la CAF à la puissante FIFA autour du report de la CAN 2022 au Cameroun du 9 janvier au 6 février, suite aux « injonctions » du président de la Fédération royale marocaine, a tourné en faveur de la CAF. Faouzi Lekjaâ a tout mis en œuvre pour contribuer au report de cette compétition après que plusieurs pays européens aient mis la pression sur Infantino, en menaçant de ne pas libérer les joueurs africains évoluant dans leurs championnats lors des matchs de Ligue européenne. A commencer par la Fédération italienne de football qui est allée jusqu’à menacer de se plaindre contre les Fédérations africaines, à l’image de la FAF qui veut récupérer ses deux joueurs pro Adam Ouanas et Benacer pour le tournoi continental. Mais, il faut retourner à la chronologie des faits pour deviner la dilution et l’amalgame régnant depuis ces dernières années sur les décisions marocaines quand il s’agit de l’organisation des tournois africains. La première «bourde» fut l’annulation à la dernière minute par le Maroc de sa candidature d’abriter la CAN 2019 retirée au Cameroun puis transférée en urgence vers l’Egypte où les Verts ont décroché le trophée africain. Cette nouvelle, brutale à l’époque pour la CAF, qui semblait au temps d’Ahmad Ahmed prendre du plaisir à retirer l’organisation de cette compétition au Cameroun, a pourtant joué en défaveur de Lekjaâ. La deuxième bourde a été la décision prise par les autorités marocaines d’annuler à cinq jours du tournoi, la CAN U17 prévue au Maroc, pour cause de Covid-19. Et la troisième sans doute concerne le refus flou et mal justifié d’ailleurs du président de la Fédération royale du football quant à l’organisation de la CAN 2022 au Cameroun alors que les autorités nationales y compris la Fédération camerounaise et des figures footballistiques telles que Etoo de ce pays, ont toujours affirmé que leur pays était prêt à accueillir ce tournoi. Etrange attitude du président de la Fédération marocaine qui donne l’impression de rouler pour des « intérêts » autres que ceux du football africain. Ainsi, le président de la Fédération royale marocaine de football, Faouzi Lekjaâ, a reçu une « monumentale gifle » après avoir échoué à faire reporter la Coupe d’Afrique des nations (CAN), prévue à partir du 9 janvier au Cameroun, selon des médias. « Comment le Marocain Faouzi Lekjaâ a failli déclencher une grave crise diplomatique entre le Maroc et le Cameroun », titre le site Maghreb-intelligence. Ce site évoque les démarches entreprises par le patron de l’instance fédérale pour faire capoter le déroulement de la fête continentale du ballon rond. « D’après une source de la Confédération africaine (CAF) qui a voulu parler à Maghreb-intelligence, c’est le Marocain Faouzi Lekjaâ qui se montre le plus entreprenant. L’information arrive rapidement aux oreilles de Samuel Eto’o (nouveau président de la Fédération camerounaise de football) qui s’empresse de prendre son téléphone et appeler ses amis au sein des Fédérations nationales du continent, ainsi que le président de la CAF », raconte le site. Et d’ajouter: « La source de Maghreb-intelligence affirme que l’ancien Ballon d’or (africain) n’hésite pas à pointer du doigt Faouzi Lekjaâ qu’il accuse de rouler pour Gianni Infantino aux dépens des intérêts de l’Afrique qu’il représente pourtant à la FIFA. L’argument semble faire mouche, puisque plusieurs dirigeants du football africain donnent raison à Samuel Eto’o ». Mais Lekjaâ, « soucieux de gérer sa carrière et de plaire au patron de la FIFA », Gianni Infantino, « continue à œuvrer en coulisses pour le report de la CAN », affirme à Maghreb-intelligence, un membre de la CAF. De son côté, Eto’o choisit de taper haut et fort. Il se plaint aux autorités de son pays du comportement « franchement hostile » du Marocain. Le dimanche 19 décembre dans la soirée, lors d’une réunion en visio-conférence du Comité exécutif de la CAF, « le vent tourne définitivement » en faveur du Camerounais. « Les voix contre l’organisation de la compétition sont rares et molles. Patrice Motsepe, président de la Confédération africaine de football, prend acte et s’envole dès le lendemain lundi vers Yaoundé. Le Cameroun va abriter sa CAN, celle qui devait se dérouler en 2021 avant d’être reportée à cause du Covid-19. « Celle pour laquelle il a consenti depuis des années beaucoup de sacrifices financiers ». Patrice Motsepe lance devant les journalistes et les officiels camerounais que leur pays a « réussi son pari ». « Une sacrée claque » pour Infantino qui, sous la pression des clubs européens employeurs des principales stars africaines, aurait voulu reporter le tournoi, à cause du nouveau variant Omicron du coronavirus. Et « une monumentale gifle pour Faouzi Lekjaâ (…) En pleine déconfiture, le patron du football marocain a les jambes sciées, affirme Maghreb-intelligence. Les positions de Faouzi Lekjaâ ont ébréché la solide amitié entre Rabat et Yaoundé. Le très médiatisé président de la Fédération royale marocaine de football représente-il aujourd’hui les intérêts de son pays où est-il, comme le disent certains, en roue libre ? ». Qu’est-ce qui fait peur à la Fédération royale en décidant à chaque fois d’annuler des tournois continentaux? Outre ses connivences avec le président de la FIFA, il y a, selon certains observateurs, la suprématie des Fennecs observée depuis 2019 sur le continent laquelle fut couronnée par son dernier sacre arabe.
