Quand le Covid et le ramadhan “dopent” les desseins malsains des spéculateurs. C’est un peu poser la sempiternelle question de savoir comment un marché abonde en produits et que ces derniers paradoxalement sont indisponibles ou dont les prix sont hors de portée ? Les enquêteurs du Commerce sont arrivés à une conclusion. Les spéculateurs qui bombent le torse à l’approche du mois sacré en sont la cause principale mais ces derniers risquent de déchanter d’ici là. Le ministère du commerce a diligenté des enquêtes sur le terrain. Les prix de certains produits pourraient en effet revenir à leur niveau d’ici là. Donc plus de peur que de bonheur pour les ménages qui s’attendent à une accalmie des prix dans les jours prochains. Un nouvelle fois la “piste” des pratiques spéculatives sur les produits longtemps d’ailleurs pointées du doigt par les ménages, est vivement dénoncée “chiffres à l’appui” par le ministère de commerce. En plus des effets de la “crise” sanitaire dans le monde sur les valeurs boursières, le ministère de commerce persiste et signe : les spéculations du ramadhan sont à l’origine de la dernière flambée de certains produits sur le marché. Tout compte fait, des commerçants ont cru juste de provoquer volontairement des “perturbations” d’approvisionnement en plusieurs produits de base telles les huiles de table et les viandes blanches afin de réduire l’offre et, par là même, augmenter la demande. Il va sans dire qu’en de telle circonstance et sachant pertinemment que des produits sont en manque sur le marché, leur incidence immédiate à savoir la flambée des prix, n’a pas tardé. Ces spéculations du ramadhan qui visiblement ont la peau dure, ont été l’objet d’enquêtes minutieuses. Ces enquêtes cherchent éventuellement à remonter la piste des “provocateurs” des tensions sur les produits. L’un des premiers résultats de ces enquêtes a démontré que les besoins mensuels des ménages en huiles et en sucre sont largement satisfaits. La production de ces deux produits dépasse largement en effet les besoins. Il est vrai que les hausses boursières sur les marchés internationaux a impacté les coûts à l’import des matières premières mais pour les produits fabriqués localement tels les huiles de table dans un pays où les usines arrivent à répondre largement aux besoins du marché national, rien de comparable qui pourrait justifier ces flambées des prix “inimaginables” sauf l’”appétit” des spéculateurs pour qui le mois sacré est propice pour le gain facile et illicite. En témoigne en effet les dernières saisies des quantités importantes d’huiles “stockées”. Hausse des cours boursiers, baisse de la valeur du dinar, flambée du prix du Fret maritime et spéculation… «Le commerce a connu une année 2020 difficile avec une hausse généralisée des prix», reconnaît, hier matin, Sami Kolli, Directeur de la régulation et de l’organisation du marché au Ministère du Commerce, sur les ondes de la Chaîne 3, de la Radio Algérienne. En plus d’une conjoncture mondiale difficile due à la pandémie de Covid19, le Directeur de la régulation au Ministère du Commerce révèle que les pratiques spéculatives et les mauvais comportements de consommation sont également à l’origine des tensions constatées sur le marché. Il cite des exemples en lien avec l’actualité: «09 tonnes de poulet et 59 tonnes d’huile, stockés à des fins spéculatives, ont été saisies par les brigades de contrôle durant les deux mois de janvier et février». Sami Kolli s’interroge sur les raisons des tensions récurrentes sur certains produits de large consommation, pourtant fabriqués en quantités suffisantes voire même supérieures aux besoins du marché domestique. « Le besoin national en huile est de 48 mille tonnes par mois. En janvier, 52 mille tonnes d’huile ont été produites et 53 mille en février. Même chose pour le sucre. Le marché a besoin de 1800 tonnes par jour alors que les capacités installées dépassent les 3500 tonnes par jour. L’excédent de production est même exporté. Où sont ces quantités ? Des enquêtes sont menées pour identifier les responsables de ces tensions sur le marché», annonce le Directeur de la régulation au Ministère du Commerce. En janvier et février, plus de 250.000 opérations de contrôle ont été menées par les brigades mixtes commerce – services de sécurité. Résultat: plus de 20.000 infractions et plus de 19.000 procédures judiciaires intentées. «Un bilan édifiant», estime Sami Kolli. Pour lutter efficacement contre ce phénomène, le département du Commerce prépare un amendement de la loi sur la Concurrence. «Le texte est prêt et sera examiné en Conseil des ministres». Selon Sami Kolli, il prévoit, entre autres, «le renforcement des prérogatives du Conseil de la concurrence». Sami Kolli met également en garde contre les mauvais comportements de consommation. « Certains ménages stockent jusqu’à 5 bidons d’huile. Or, la surconsommation de ce type de produit est déconseillée pour la santé.» Le Directeur de la régulation au Ministère du Commerce appelle les consommateurs à la mesure et à consommer durable. Il rassure et affirme que tous les produits seront disponibles durant le mois de Ramadhan. «Le Président de la république a même donné des instructions pour importer des viandes rouges fraîches réfrigérées, ajouté à cela l’apport des wilayas du sud qui ont un fort potentiel. Deux opérateurs qui ont des abattoirs modernes ont été sélectionnés pour lancer l’opération à partir d’Adrar», précise-t-il. D’autres dispositions ont été prises pour garantir la disponibilité des viandes blanches et des légumes, assure l’invité de la rédaction de la Chaîne3.
