Alors que l’emprise du carbone sur le climat dans le monde pèse lourd sur l’Afrique, le continent noir enregistre paradoxalement un faible taux d’émission de CO2. L’Afrique qui court depuis des décennies vers ses propres solutions à l’échelle régionale afin de réduire l’impact des changements climatiques déduits des émissions du carbone dans les pays industrialisés, décide enfin de prendre son destin en mains à la faveur du « Premier » Sommet africain sur le climat, ouvert lundi 4 septembre 2023 à Nairobi, la capitale kenyane. Les chefs d’Etat africains qui y prennent part, semblent résolus à trouver des solutions efficientes aux effets pervers des changements climatiques. Mais avant toute cause, ils doivent défendre leur vision puis convaincre l’Occident, une option difficile mais pas impossible, selon les experts. Une quasi certitude de dire que le continent émet seulement 4% des GES mais reste tout de même le plus confronté aux «chocs» que les autres continents, du fait des changements de la variabilité climatique. Comment compte-t-il s’y prendre ? L’Afrique subit de trop les effets des changements climatiques sur le secteur primaire, l’agriculture, la pêche et les forêts qui sont un vecteur essentiel de l’économie locale et dans l’alimentation de ses populations. Raison à l’évidence qu’elle doit réagir et vite avant qu’il ne soit trop tard d’autant plus que les derniers incendies de forêts et les tempêtes à l’origine des inondations dans le monde lesquels ont été imputés aux changements climatiques, ont causé des ravages-record. Une vingtaine de Chefs d’État ou de gouvernement et des centaines de délégués du monde entier prennent part à ce Sommet de 03 jours dont l’objectif principal répond à l’impératif de dégager un langage commun et des « mécanismes » sur le développement et le climat afin de hisser les «solutions africaines» à la COP28 à Dubaï. Fait inédit: plus de trois décennies après les négociations sur le climat, c’est la première conférence régionale africaine, exclusivement dirigée sur le climat. L’Afrique qui se réjouit d’émettre seulement 4% d’émissions de CO2, ne peut plus se voiler la face et affiche d’emblée ses inquiétudes sur la prolifération des impacts immédiats de la grande industrialisation dans le monde sur son propre climat et son environnement.
Le continent reste en effet plus exposé aux effets du changement climatique. «L’empreinte carbone de l’Afrique reste faible, mais le bilan humain du changement climatique est disproportionnellement élevé. L’urgence de remédier aux pertes et aux dommages et de configurer des mécanismes financiers appropriés pour la résilience augmente avec chaque événement météorologique extrême et chaque crise d’insécurité induite par le climat», a déclaré, à ce propos, le président kenyan, William Ruto, à l’ouverture du Sommet. Le président du Kenya a estimé qu’il était temps pour l’Afrique de changer sa façon de traiter les questions climatiques. «Nous nous réunissons avec une compréhension claire de l’insuffisance de nos besoins en matière de financement climatique, mais nous ne reculerons pas devant les réalités qui doivent apporter un changement positif », a-t-il déclaré. Pour sa part, le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé, hier, «le monde à faire de l’Afrique, une superpuissance des énergies renouvelables», lors de son discours au Sommet africain sur le climat. «Les énergies renouvelables pourraient être le miracle africain. (…) Nous devons travailler ensemble pour que l’Afrique devienne une superpuissance des énergies renouvelables», a-t-il affirmé, tout en demandant aux dirigeants du G20, qui se réunissent ce week-end en Inde, «d’assumer (leurs) responsabilités dans la lutte contre le changement climatique». Une transition énergétique propre dans les pays en développement est cruciale pour tenter de maintenir l’objectif de l’Accord de Paris, consistant à limiter le réchauffement climatique, bien en-dessous de deux degrés Celsius (2°C) depuis l’époque préindustrielle et de 1,5 °C, si possible. Pour y parvenir, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) affirme que les investissements devront atteindre 2.000 milliards de dollars par an d’ici une décennie. Les intervenants du Sommet ont également appelé à réformer les structures financières mondiales pour les aligner sur les objectifs climatiques.
