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Gel des importations des viandes rouges. Une économie de 200 millions de dollars par an

Le gouvernement déballe enfin les chiffres jugés «astronomiques» d’importation des viandes rouges enregistrés ces dernières années. Des chiffres qui montrent la tendance sans cesse haussière des dépenses de l’Etat dans cette filière, ce qui va à contre-courant des nouvelles orientations de l’économie nationale notamment depuis la venue du président de la république, Abdelmajid Tebboune, qui a fait de la limitation des importations et la préservation des deniers publics, le «cheval de bataille» de son mandat actuel. Les autorités algériennes ont décidé de geler les importations de viandes rouges, spécialement les viandes congelées qu’elles soient bovines ou ovines. Seulement voilà, cette décision, bien qu’elle entre dans la préservation de la production locale des viandes, risque toutefois de porter un véritable «coup de massue» aux faibles et moyennes bourses à l’approche du mois de ramadhan. Pourquoi ce gel des importations des viandes? Comment le consommateur va-t-il pouvoir se comporter avec d’éventuelles fluctuations dans le domaine? L’Etat préconise de redynamiser et réorganiser la filière des viandes en Algérie. Il vise d’abord à renforcer les complexes d’abattage des animaux dans le pays. L’objectif est de protéger les producteurs locaux de viandes. Le Covid -19 en plus de son impact sur la dépense publique, a en effet amené le gouvernement à rationaliser les importations. Le pays, très attaché à la filière des importations de viandes rouges à la veille de chaque mois sacré afin de satisfaire la demande sur le marché local, devra en 2021 «se passer» du service rendu par les importateurs de viandes. L’Algérie a importé rien que durant les huit premiers mois de 2019 près de 382.000 quintaux de viandes rouges. L’année 2020 aura été, on le sait, caractérisée par l’arrêt momentané des importations pour cause de propagation de la pandémie du Coronavirus, mais cela n’a pas empêché l’importation de viandes rouges pour une facture de 122 millions de dollars durant les dix premiers mois. Reste qu’en vertu du gel des importations de viandes rouges décidé dès 2021, quel sort attend les importateurs de viandes rouges ? Déjà en juillet dernier, des rumeurs annonçaient que les importateurs de viandes rouges au nombre qui dépasserait la vingtaine, allaient conclure un partenariat interne au sud. C’est certain que ce gel va réduire la facture annuelle des importations des viandes. Le gel des importations des viandes rouges décidé par les pouvoirs publics, depuis le 4ème trimestre 2020, permettra à l’Algérie d’économiser plus de 200 millions de dollars par an, selon un haut responsable au ministère du Commerce. « Cette décision rentre dans le cadre de la rationalisation des importations ainsi que l’encouragement des produits locaux et répond par la même occasion aux attentes des éleveurs et des engraisseurs qui se sentaient concurrencés par les produits importés », a expliqué le Directeur général du Commerce extérieur au ministère du Commerce, Khaled Bouchelaghem. Dans le même contexte, M. Bouchelaghem a affirmé que l’Algérie, à l’instar de tous les pays, dispose d’outils juridiques lui permettant de prendre des « mesures protectionnistes provisoires » pour réduire son déficit commercial ou pour protéger les producteurs nationaux lorsque ces derniers se sentent menacés par les concurrents étrangers. D’après les chiffres communiqués par ce responsable, les importations du pays en viandes rouges bovines avaient atteint 122 millions de dollars rien que pour les dix premiers mois de l’année 2020, dont 67,5 millions de dollars en viandes fraîches et 54,5 millions de dollars en congelées. Il a fait constater qu’il y’avait une tendance haussière de ces importations malgré la disponibilité du produit local, « ce qui va à l’encontre de l’économie nationale ». Ainsi, en 2019, a-t-il indiqué, les importations avaient atteint une valeur de 210 millions de dollars (135 millions pour les viandes fraîches et 75 millions pour les viandes congelées), contre 186 millions de dollars en 2018 (104,6 millions de viandes fraîches et 81,4 millions pour les viandes congelées). En revanche, les opérations d’importation du bovin sur pied sont toujours autorisées pour approvisionner le marché en viandes rouges, a-t-il précisé, expliquant que cela est de loin « plus rentable » que l’importation des produits finaux. « L’importation de bovins destinés à l’abattage permet en effet la création d’emplois directs et indirects autour de cette activité « , a-t-il fait valoir. Mettant en avant ses avantages, il a affirmé que l’introduction de bêtes vivantes contribuerait à augmenter la cadence du travail au niveau des abattoirs et des boucheries et d’approvisionner le marché en viandes fraîches, de fournir l’industrie de la transformation des viandes en matière première, ce qui devrait également élargir le réseau de distribution et générer des emplois supplémentaires. Mais en contrepartie de ce gel des importations au profit de la filière, ce responsable appelle les opérateurs à faire preuve de « patriotisme économique » en contribuant à la protection du pouvoir d’achat et à la sécurisation du marché des viandes. Abondant dans le même sens, la chargée d’étude auprès du ministère de l’Agriculture et du développement rural, Sabrina Ichou, a insisté sur la nécessité pour les acteurs de la filière de s’organiser pour rendre les prix plus abordables. « Les associations interprofessionnelles doivent s’entendre, y compris sur les marges bénéficiaires à travers des contrats prédéfinis afin de réguler les prix des viandes qui restent excessifs malgré une production conséquente qui dépasse 50 millions de quintaux par an « , a-t-elle jugé. Mme Ichou cite, entre autres conditions garantes de réorganisation de la chaîne de distribution, les trois complexes d’abattage établis dans les régions steppiques des Hauts plateaux à savoir le complexe de Boukteb (El Bayadh), de Hassi Bahbah (Djelfa) et celui d’Oum Bouaghi (Aïn M’Lila). Selon ses explications, l’implantation de ces complexes d’abattage au niveau de ces zones était bien réfléchie, du fait qu’elles soient accessibles aux éleveurs et aux maquignons qui vendent le bétail sur pied pour l’approvisionnement des abattoirs. « En plus d’une chaîne d’abattage mixte ovine et bovine, ces infrastructures réalisées aux normes HACCP, sont dotées des entrepôts frigorifiques, des tunnels de congélation et même de parcs pour accueillir les animaux vivants en cas de sécheresse » a-t-elle fait savoir. Cette même responsable en charge du dossier « viandes rouges » au niveau du ministère de l’Agriculture, assure que l’existence de telles infrastructures sécurise d’abord les éleveurs en leur évitant de brader leurs cheptels lors des aléas climatiques qui affectent énormément la production végétale et les pâturages pour les bétails. Ces complexes d’abattage permettent, par ailleurs, de booster la filière, notamment avec l’interdiction des importations des viandes fraîches et congelées et l’encouragement des activités de l’élevage et de l’engraissement du bétail dans ces régions pastorales. « Cela devra optimiser le rendement de ces abattoirs en les faisant tourner à leur pleine capacité tout en faisant gagner les intervenants de la chaîne (éleveurs, engraisseurs, bouchers, chaîne de distribution », a-t-elle souligné. L’Algérie produit annuellement plus de 5,3 millions de quintaux de viandes rouges, selon les données recueillies par l’APS auprès de la directrice des services vétérinaires du ministère de l’Agriculture et du développement rural, Mme Leila Toumi. « L’ovin représente 60 % de la production nationale en viande rouge et le bovin 30%, le reste, soit 10%, c’est la viande caprine et caméline », a précisé Mme.Toumi. Concernant le nombre d’éleveurs d’ovins, il a atteint 230.000, a-t-elle indiqué, en se référant aux statistiques de 2020 de la chambre nationale d’Agriculture. Quant au nombre d’éleveurs de bovins, il se chiffre à 72.000 éleveurs activant dans la production laitière et l’engraissement des veaux destinés à l’abattage.

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