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Fruits et légumes. La spéculation dépouille le consommateur

Lors de la rencontre gouvernement – walis, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a adressé un pic au Ministre du commerce, il l’instruit à trouver une solution durable aux problèmes récurrents de la flambée des prix des produits agricoles et de tous ceux branlés par les spéculateurs. Devant une telle conjoncture, Il décida alors de libérer le marché des fruits et légumes en autorisant les producteurs à vendre eux-mêmes leurs produits, soit en gros, soit en détail. Cela va continuer à encourager par ricochet les intermédiaires qui, depuis la nuit des temps, s’approvisionnent directement en catimini auprès des producteurs leur production sur pieds ; le cas de la pomme de terre, la clémentine et les oranges, des olives etc.…La wilaya de Mostaganem fût la seule wilaya, depuis les années 70, à se passer des grossistes. Les producteurs qui boudaient les grossistes vendaient dès la tombée de la nuit leur production sur un espace jouxtant le marché de gros. Devant leur obstination, les autorités locales et nationales ont finalement baissé les bras et laissé faire. Depuis, le marché de gros est dénommé Souk El Lil. Il est à dimension nationale, beaucoup d’intermédiaires des autres régions du pays viennent s’y approvisionner. Aucune facturation des produits n’est réalisée. Avant d’analyser les conséquences de cette libération du marché des fruits et légumes, faisons l’autopsie des différents circuits de commercialisation. Notre pays est caractérisé par un système de commercialisation des produits vivriers qui comprend un circuit formel et un circuit informel. Dans cette « cacophonie » le ministre du Commerce semble ignorer qu’il existe de par le monde 2 circuits principaux d’approvisionnements. Puisqu’on distingue deux catégories à savoir : les circuits longs qui font intervenir plusieurs intermédiaires et les circuits courts qui font intervenir au maximum un intermédiaire, soit le grossiste, la seule interface entre le producteur et le consommateur. Le circuit court permet de valoriser la production locale. Les circuits longs permettent la commercialisation des produits sur le plan national et à l’export. Malheureusement, côté exportation, comme le précisait Monsieur Ali Bey Nasri, président de l’Anexal, Association nationale des exportateurs Algériens », qu’au sein de ce secteur, les propriétaires « ne s’engagent pas sur la contractualisation pour parvenir à l’exportation, puisqu’il s’agit d’un secteur informel ». De facto, tous sont unanimes à dire qu’autour de ce secteur tout baigne dans le circuit informel. Ce secteur n’est pas encore sorti des sentiers battus puisque la niche d’exportation n’est pas assez agressive. L’Etat a-t-il pris conscience de ce dysfonctionnement ? Possède-t-il une stratégie claire pour endiguer ce phénomène de l’informel ? Les rôles des grossistes sont assez importants dans le système de commercialisation des fruits et légumes. Ceux-ci achètent ou commissionnent les producteurs de fruits et légumes. Leurs produits sont ensuite vendus pour les marchés généralement urbains par intermédiaire des détaillants. Ils respectent les mercuriales, délivrent des facteurs et opèrent des régulations entre eux à travers tout le territoire national. Les éliminer de l’entité du grossiste représente une position irresponsable. Les intermédiaires, une catégorie d’acteurs qui ne sont ni grossistes ni détaillants. Ils sont à mi-chemin entre les deux. Dotés des moyens de transport, ils sillonnent toutes les régions du pays à la recherche d’achats des fruits et légumes sur pieds, directement auprès des producteurs puis procèdent à la vente en demi-gros sur les marchés locaux. Les gros perdants devant la mesure de libération du marché c’est bien sûr les consommateurs, Ils remarquent que leur pouvoir d’achat s’effiloche du fait, qu’à présent, aucun des acteurs ne délivre de factures ; par voie de conséquence, le contrôle reste impossible par les services des fraudes. Les consommateurs deviennent alors des victimes consentantes. Les détaillants sont une catégorie d’acteurs dont le rôle est assez déterminant. Ils constituent l’intermédiaire entre les grossistes, les intermédiaires, producteurs et consommateurs et procèdent à la vente en détail. On les rencontre dans tous les marchés et ils constituent les principaux animateurs des marchés de distribution. Confronté à de nombreux problèmes qui mettent en péril son développement et qui font que sa participation à l’économie locale est limitée. Ces problèmes sont d’ordre organisationnel, technique, financier, politique et logistique. On note aussi la nature hautement périssable des produits de cette filière qui rend difficile sa commercialisation en dehors des marchés locaux, il faut aussi préciser que la politique du froid fait cruellement défaut. Toutefois, la promotion de la consommation locale, la réalisation des infrastructures, l’apport des appuis techniques et financiers, aux producteurs et commerçants pourrait rendre compétitif, concurrentiel, rentable l’activité de production et de commercialisation des fruits et légumes. Ceci doit passer inexorablement par la consolidation des pratiques de circuits précités usités de par le monde.

À propos Mohamed Krelifa

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