«Qui a volé cet argent» ou enfin il lui signifie carrément : « Qui est la personne qui a volé cet argent de la société? ». Mais en vain. Ali Haddad reste convaincu de son innocence. Enfin? il passe aux aveux et reconnaît avoir bénéficié de 452 crédits bancaires équivalent à 211.000 milliards de centimes. Voilà en somme la quintessence de la dernière et fin d’audition des deux mis en cause, Haddad et Ouyahia, jeudi dernier, au niveau de la Cour d’Alger, en présence d’un nombre impressionnant d’avocats, de journalistes et de membres et proches des deux prévenus. Les auditions des accusés et des témoins par le juge du siège à la Cour d’Alger dans le procès en appel de l’ex-homme d’affaires Ali Haddad, condamné en première instance par le tribunal de Sidi M’hamed, à une peine de 18 ans de prison ferme, assortie d’une amende de 08 millions de DA, ont pris fin, jeudi dernier, à Alger. Ce jugement a distance se déroule, pour rappel, dans une conjoncture particulière émaillée par la crise sanitaire, eu égard aux répercussions néfastes du Covid 19 sur la population mais notamment sur la population carcérale après la levée de bouclier qu’a suscité le décès du prisonnier et patron de Condor, suite à sa contamination par le Covid 19. Toute la journée de jeudi dernier, la Cour de Ruisseau à Alger était connecté en direct via visioconférence depuis la prison de Tazoult, à Batna, pour les besoins de l’audition du principal inculpé, le sulfureux ex-patron des patrons Ali Haddad et à partir de la prison de Kenadsa, depuis la wilaya de Béchar, pour l’interrogatoire de Ahmed Ouyahia, ex-Premier ministre et ex-directeur de cabinet de la présidence sous le président déchu. Ali Haddad et Ahmed Ouyahia sont jugés non pas au tribunal mais par un système de visioconférence qui leur permet de s’exprimer à partir des pénitenciers où ils ont été transférés au cours du mois précédent, suite au risque qu’encourent ces deux bonnets financiers de par leurs poids au niveau de leur lieu de détention à la prison d’El Harrach, surtout après la sortie d’Ouyahia, aux funérailles de son frère Me Layfa Ouyahia. Les deux prévenus, pour rappel, avaient refusé, à deux reprises, d’être jugés à distance, préférant le face à face direct avec le juge, au côté de leur défense. Le Garde des sceaux avait expliqué le recours à cette méthode en vertu des derniers additifs introduits, fin août dernier, dans le code pénal. Pour la séance de jeudi dernier, il était surtout reproché à l’ex-patron du FCE ses ramifications dans l’affaire du dessalement d’eau, au niveau de la wilaya d’Arzew, de Mostaganem et enfin de la wilaya d’Oran. Les questions étaient axées essentiellement sur les péripéties de l’opération de l’alimentation en eau potable de la wilaya d’Oran, grâce au projet de dessalement d’eau en 2008 depuis Mostaganem, un projet qui a plafonné les milliards. Le juge veut savoir la contrepartie financière qu’a suscitée cet énorme projet pour l’accusé qui tentait si bien que mal, point par point, à passer au peigne fin les étapes de cette opération. Le juge, et devant la prudence de Ali Haddad à se rendre coupable, lui lâche enfin que ce sont uniquement les PDG et DG qui auraient agi suite à des décisions techniques du ministère de l’Industrie. L’ancien patron des patrons du Forum des chefs d’entreprise est, selon les griefs retenus contre lui, accusé d’obtention d’indus privilèges et incitation d’agents publics à conclure des marchés publics, en violation de la législation. Le nombre des marchés publics qu’il a obtenus depuis 2000, plafonne les 134 marchés d’une valeur de 748 milliards de dinars algériens, tous secteurs confondus, automobile, travaux publics, alimentation, habitat, financement, minoterie, etc et qu’il avait fait de la capitale oranaise, dans l’ouest d’Algérie, une seconde plaque tournante après Alger de ses usines et entreprises, en connivence avec l’ex-ministre de l’Industrie, Abdeslem Bouchouareb. Son groupe ERTHB avait décroché 124 marchés publics durant les 20 dernières années, jugeant ce nombre insignifiant par rapport au nombre de projets réalisés en cette période.
