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Film documentaire: un processus cathartique

Les enchaînements des activités culturelles au sein de l’Institut français sont aussi divers que variés. Cette fonction agissante émet une atmosphère d’humanité. Pour maintenir cet élan vital de l’altérité, la mise en exergue du laboratoire de la création documentaire appelée «le labdz», intègre de nombreuses hypothèses attenantes à cette supposition qui fera advenir un lien social en évolution continue. A cela, il faudrait rajouter les encouragements exprimés par le directeur de l’Institut français d’Oran, Romain de Tarlé. Devant les échanges fructueux qui fondent un ordre innovateur, «l’orientabilité» de la création documentaire va de pair avec la culture cinématographique. A cet égard, le chargé de cinéma à l’Institut d’Alger, Abdenour Houchich, annoncera au public présent que le laboratoire d’Algérie de créations documentaires existe depuis 2014; dans cette lignée, notre interlocuteur expliquera que chaque année, cette formation permet à une douzaine de jeunes algériens de découvrir le cinéma documentaire ; ladite formation consiste à leur donner des moyens pédagogiques et matériels en plus d’un encadrement de qualité afin de s’exercer à réaliser de courts documentaires, chacun dans un domaine précis (réalisation, cadrage, prise de son, montage). Comme la formation borde le cinéma documentaire, l’exposition des travaux des jeunes stagiaires a eu lieu le mercredi devant une assistance férue de culture, venue découvrir le passage fluide d’une parole exempte de domination. Il va sans dire que la jonction d’une thématique à une autre implique une homogénéité des hétérogènes; le trait d’esprit des différents courts métrages a su manier l’objet d’intérêt de l’imaginaire social avec des problématiques saisissantes pour interpeller la condition sociale qui se fige dans l’obscénité du musellement. La mise en évidence d’une langue de fond ne se glisse pas uniquement dans l’aspect cathartique car elle peut questionner des sujets qui font symptômes dans la société algérienne. Dans les différents sujets traités, la nébuleuse question de la communication se pose avec acuité, l’expression d’une parole plurielle émet le vœu de s’enraciner comme une arme préférentielle, la confusion langagière provoquée fera valoir un signifiant promu contre un autre censuré. Devant le dialogue comme acte jubilatoire, la présence d’autrui met en jeu la dynamique conflictuelle, l’effet de censure emmêlée ou démêlée disjoint l’hypocrisie sociale en favorisant la construction dialectique pour libérer le citoyen de la servitude. Dans les courts métrages, il s’agissait d’aborder l’épineuse question de la culture et des espaces disposés pour promouvoir la culture du livre. La réappropriation des espaces publics devient une possibilité ouverte sur l’autre versant de l’investissement de la maturité sociale. La description du quartier Sid El Houari ne défend pas une problématique pessimiste, Nora, photographe, fera parler cette mémoire subjective des gens des quartiers, le souvenir vécu sert de base à la sortie de l’oubli pour que le citoyen tire un regain d’existence. Cette imagerie mémorielle rend compte de l’intériorité des déracinements des habitants qui assistent de façon passive à la destruction du lien qui les liait à leurs lieux de naissance. Cela dit, sans être dans l’exagération, en calquant la lecture de Fanon sur la dépersonnalisation ou le déracinement chez le sociologue Malek Sayad ou Germaine Tillon, je dirai que la précarité environnementale lézarde la causalité psychique. Enfin, pour revenir sur le désir d’une parole plurielle qui se libère doucement mais sûrement, on peut discuter de la transformation langagière qui devra impliquer le citoyen dans «l’invention de soi» pour reprendre le sociologue Kaufman.

À propos Adnan H.

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