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Expulsion de l’ambassadeur français au Mali. Le pic des tensions a-t-il été atteint?

L’ambassadeur de France au Mali a trois jours pour quitter le Mali. Décision annoncée lundi 31 janvier en début d’après-midi par les autorités maliennes de transition, à l’issue d’une convocation de Joël Meyer au ministère des Affaires étrangères. C’est l’ultime épisode de plusieurs mois d’échanges tendus entre les autorités des deux pays et qui laisse planer d’immenses doutes sur la suite des relations entre la France et le Mali. L’expulsion du diplomate français fait suite « aux propos hostiles et outrageux » tenus ces derniers jours par Jean-Yves le Drian. Le ministre français des Affaires étrangères avait, entre autres, qualifié d’« illégitimes » les autorités de transition. L’incompréhension et l’animosité qu’ont en partage les autorités maliennes et françaises n’étaient jamais allées si loin. Mais le pic a-t-il été atteint? On a pris acte de cette décision et immédiatement on a rappelé notre ambassadeur. On ne va pas attendre qu’il soit expulsé pour le faire revenir en France. C’est une étape supplémentaire dans l’isolement dont fait preuve cette junte. Bamako souhaite « maintenir le dialogue et poursuivre la coopération avec l’ensemble de ses partenaires internationaux, y compris la France ». Une invitation difficilement conciliable avec la manière forte qui a été choisie et qui a surpris bien des observateurs, y compris parmi les fins connaisseurs de la politique malienne. Le Mali cherche-t-il simplement une clarification de Paris sur la reconnaissance des autorités de transition, comme l’a demandé Abdoulaye Diop, ou s’agit-il d’une stratégie pour pousser, progressivement, les Français à la rupture? De son côté, Paris « réitère son engagement en faveur de la stabilisation et du développement du Sahel », mais sans mentionner nommément le Mali. Depuis l’expulsion du contingent danois de la force Takuba, la semaine dernière, la quinzaine de pays européens qui y contribuent ont initié une réflexion sur l’avenir de cette force, articulée autour de Barkhane. Dont la présence sur le territoire malien est de plus en plus contestée dans la rue. Bamako a d’ailleurs sollicité une série d’amendements aux accords militaires actuels, Paris n’a pas encore répondu. Alors, les autorités maliennes n’ont pas demandé le retrait des soldats français, et ce n’était jusqu’ici pas un objectif de Paris. Mais ce scénario est de plus en plus envisageable, surtout qu’il faut aussi prendre en compte la pression qui pèse sur le candidat Macron, après ce qui est désigné par de nombreux responsables politiques français, de droite et d’extrême droite, comme une humiliation insupportable. Un observateur averti faisait récemment cette réflexion : maintenir Barkhane au Mali ne fera jamais gagner la présidentielle à Emmanuel Macron, mais cela pourrait la lui faire perdre. Et beaucoup se demandent si ce n’est pas, finalement, ce que cherchent les autorités maliennes de transition : pousser au départ de Barkhane sans en être à l’initiative.

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