L’image avait fait le tour du pays. Et la vidéo était devenue virale sur les réseaux sociaux. On y voit la sélection nationale débarquer à Douala, le samedi 8 janvier, soit la veille du coup d’envoi de la 33ème Coupe d’Afrique des Nations, au Cameroun. Jusque-là, rien d’anormal, mais plutôt du classique avec cet accueil folklorique typiquement africain, la présence de l’ambassadeur et le crépitement des flashes des appareils photos et caméras de la presse continentale, venue voir de près le débarquement avec son lot d’ambitions et de bling-bling des champions du continent en titre. A l’accueil des Verts qui avaient décollé de la capitale du Qatar, Doha, presque sept heures plus tôt, se trouve aussi et surtout le président de la FAF, Charaf-Eddine Amara. L’ex-PDG de Madar Holding et premier responsable du Chabab de Belouizdad, l’objectif est même on ne peut plus clair: «Nous avons effectué une bonne préparation au Qatar. Qu’est ce qu’il y a de plus naturel pour un champion d’Afrique que de venir défendre son titre, c’est un droit tout à fait légitime et naturel. Nous n’allons pas lésiner sur les efforts pour procurer de la joie à nos supporters», déclare-t-il, tout sourire au moment de saluer, un à un, les membres de la délégation qui pose pied sur le tarmac de l’aéroport de la capitale économique camerounaise. Et c’est à ce moment précis qu’un geste, «LE» geste, est immortalisé. Alors que tous les membres du groupe des Verts saluent le président de la FAF, le sélectionneur Djamel Belmadi le snobe tout simplement, détournant le regard et le visage au moment d’arriver à sa hauteur, refusant même de lui serrer la main. Sans se départir de son sourire, Charaf Eddine-Amara tape alors amicalement sur l’épaule de Belmadi pour faire semblant. Cette image illustrait, alors, précocement et précisément, le froid qui caractérise la relation entre les deux hommes forts de la FAF. A l’origine, des divergences concernant la «gestion» de l’EN qui n’ont pas du tout plu à Belmadi. L’architecte du titre historique en 2019, au Caire, s’est, ainsi, «retrouvé à gérer des affaires d’ordre administratif et logistique alors que ce n’est pas son travail, ni son point fort. Tout cela pour combler les lacunes de l’administration fédérale et corriger certaines erreurs qui ont fini par coûter cher à l’EN», comme le précisera une voix autorisée. Même avec l’ancien chauffeur du Paradou et actuel manager général des Verts, Amine Labdi, les rapports de Djamel Belmadi ne sont plus aussi collégiaux, mais plutôt empreint de frictions. «Belmadi a même clairement exhorté Labdi de ne plus faire de déclaration à la presse. Ni pour parler de la série d’invincibilité, ni de rien d’autre», renchérira la même source généralement très bien informée. L’incapacité de la FAF à mettre la pression sur le COCAN et la CAF à même de voir le séjour des Verts à Douala se dérouler d’une bien meilleure manière et dans de plus confortables conditions a, d’ailleurs, fini par convaincre le même Djamel Belmadi de n’être pas entouré de la plus efficace des administrations, ni de disposer de la plus émérite des structures pour espérer se qualifier au Mondial-2022 aussi facilement qu’il le pensait et espérait.
