Fragilisés par un scandale de corruption, les conservateurs d’Angela Merkel ont essuyé dimanche une sévère défaite dans deux élections régionales. Crédités de 20 % au niveau national avant les législatives de septembre, les écologistes voient leurs ambitions confortées. A six mois des élections législatives, c’est une déroute de très mauvais augure pour la droite allemande. Les conservateurs ont démarré ce week-end la campagne 2021 par deux défaites historiques dans deux régions du sud de l’Allemagne, selon les estimations de 20 heures. Avec 23 % des voix dans le Bade-Wurtemberg (9 points derrière les écologistes), le Parti chrétien-démocrate (CDU) réalise son plus mauvais score dans une région pourtant profondément conservatrice. Jusque dans les années 2000, la CDU régnait pratiquement sans partage avec des scores dépassant les 40 % au cœur de l’industrie l’automobile allemande (Mercedes et Porsche). L’écologiste «réaliste» Winfried Kretschmann y obtient un troisième mandat de ministre-président en récoltant 32 % des voix et en améliorant de 2 points son score déjà historique de 2016. Les conservateurs espéraient par ailleurs ravir à la gauche sociale-démocrate (SPD) l’autre région, le Rhénanie-Palatinat, où ils ont été au coude à coude pendant la campagne. Mais avec seulement 26?% des voix, ils finissent à presque 10 points derrière le SPD. Ces deux déroutes électorales s’expliquent en partie par «l’affaire des masques» qui secoue le parti depuis deux semaines. La presse allemande parle de la crise la plus grave pour la droite allemande depuis celle des «caisses noires» d’Helmut Kohl (financement illégal de la CDU). La question de la candidature à la chancellerie d’Armin Laschet, nouveau président de la CDU, devrait être relancée alors que la droite n’a toujours pas de tête de liste. Sa cote de popularité est basse et le mécontentement de la population sur la mauvaise gestion de crise ne favorise pas le camp conservateur. La CDU, qui était à 40?% dans les intentions de vote au début de pandémie, a chuté à 32?%. Les conservateurs pourraient être obligés de faire appel au leader du parti frère bavarois (CSU), Markus S?der, pour sauver la campagne. Cela dit, le ministre-président de Bavière ne se lancera pas dans la bataille s’il n’est pas certain de devenir chancelier. Or, les résultats de ce dimanche ont changé la donne. Ils ouvrent de nouvelles perspectives dans les alliances politiques.
