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Des mémoires de 389 pages publiées récemment aux éditions Casbah. Ould Kablia, Boussouf et le MALG

Le MALG entre transmissions, renseignements et ses “im-mortels”. Comment opérait-il ? Qui étaient ses premiers recrutements ? C’est après la grève de 1956, que l’idée de “forger” le MALG a pris naissance, bien que ses origines remontent jusqu’ à 1947. C’est feu Larbi Ben M’hidi qui voyait que le MALG était une nécessité. Mais la “nouvelle” qui met en avant le rôle de cet ancien organe des renseignements, est qu’il avait participé depuis 1956 aux négociations algéro-françaises menées par Abbane Ramdane côté algérien. Pour ceux qui ne le savent pas, c’est le MALG qui avait fourni aux négociateurs algériens, une situation et des documents sur les opérations économiques de la France au Sahara. Un pan “enfoui” de l’histoire des renseignements algériens durant la “Guerre d’Algérie” se “rouvre” donc. L’ancien ministre de l’intérieur, Dahou Ould Kablia, décide d’en livrer la face cachée. Le ministère de l’Armement et des Liaisons générales (MALG) est devenu, en 1962, la sécurité militaire (SM). C’était un organe dépendant de l’ALN, au temps de la Guerre d’Algérie. Ancêtre de la SM puis du département du renseignement et de la sécurité (DRS), le MALG a, depuis l’indépendance, toujours fait parler de lui à la simple évocation de ses missions secrètes, de ses recrutés et de leur formateur et dirigeant Abdelhafid Boussouf, surnommé Si Mabrouk et dont des femmes alors lycéennes avaient servi dans le maquis ou bombardé l’armée coloniale. Mais qui était réellement le MALG ? Quelles étaient ses véritables racines ? Cet ancien service militaire des “renseignements de l’ombre” n’a en effet, depuis, cessé de jeter la lumière sur ce que fut la préparation logistique du combat pour la libération de l’Algérie du “joug” colonialiste. C’est parce que ce puissant organe de renseignements a rarement fait l’objet de témoignages. La Bibliothèque nationale vient de s’enrichir avec un nouvel ouvrage édité par l’ancien ministre de l‘Intérieur Ould Kablia.
Dans son ouvrage intitulé « Boussouf et le MALG, la face cachée de la révolution », Dahou Ould Kablia qui a occupé une place de premier plan dans la hiérarchie du ministère de l’Armement et des Liaisons Générales (MALG) livre une vision de l’intérieur de cette organisation et revient sur la création et le fonctionnement de cette dernière. Ces mémoires de 389 pages publiées récemment aux éditions Casbah, émanent d’un « devoir de mémoire » des membres de l’Association des anciens du MALG qui s’étaient fixés l’objectif de « restituer l’histoire de ce Département et de son dirigeant Abdelhafid Boussouf » qui n’a laissé aucun témoignage écrit. L’ouvrage retrace d’emblée de brèves biographies de l’auteur et de Abdelhafid Boussouf. Il aborde ensuite les “origines” du MALG. Pour cela, il remonte aux services de renseignements au sein de l’Organisation secrète (OS), fondée en 1947. Celle-ci avait confié son service à Omar Ben Mahdjoub, avant que le renseignement ne devienne une nécessité aux yeux de Larbi Ben M’hidi, entre 1955 et 1956 « pour connaître les ennemis du FLN », dit-on dans cet ouvrage. C’est à l’issue du Congrès de la Soummam en août 1956 que la fonction de renseignement et de liaison a été « intégrée à l’organigramme des commandements de l’ALN au niveau de chaque wilaya, zone ou région », explique l’auteur. Ould Kablia précise à cet effet que le colonel Abdelhafid Boussouf avait été chargé du service de renseignement, de liaison et des communications en avril 1958, suite à la « départementalisation des tâches des membres du Comité de coordination et d’exécution (CCE) ». Ould Kablia revient également sur les moyens humains de ce Département venant « essentiellement de lycéens et étudiants issus de la grève de mai 1956. Ces derniers étaient “formés dans des centres aux frontières du pays ».
L’ouvrage dédie une partie aux transmissions et à l’approvisionnement en armes pendant la guerre de libération nationale assuré de 1954 à 1956 par Ahmed Ben Bella et Mohamed Boudiaf remplacés, après leur arrestation, par les colonels Amar Benaouda et Abdelhafid Boussouf. Le « soutien multiforme » du MALG est également abordé notamment par le volet des relations avec les pays frères et les efforts de diplomatie, la participation à l’effort de guerre par des missions aux « barrages des frontières », de formation dans l’aviation, ou encore de rapatriement des « légionnaires déserteurs de l’armée française par Wilfrid Muller plus connu sous le nom de Mustapha Muller ». Le livre revient également sur la chronologie des pourparlers et négociations algéro-françaises depuis les premières prises de contact en « 1956 entre des émissaires de Pierre Mendès France et Abbane Ramdane ». L’auteur met en avant l’apport du MALG dans les négociations notamment sur la question du pétrole grâce aux renseignements « fournis par Salah Bouakouir, secrétaire adjoint du délégué général du gouvernement français à Alger, relatifs aux opérations économiques dans le Sahara » et au concours d’Enrico Mattei, PDG de la société italienne des hydrocarbures (ENI). Dahou Ould Kablia revient également sur des faits marquants de la guerre de libération comme le Congrès de la Soummam en août 1956, sur des acteurs admirables de cette guerre et des « pertes irréparables ». Il aborde ainsi la mort des colonels Amirouche, Si Haouès et Lotfi, documents à l’appui pour « défaire les thèses et circonstances avancées par les forces coloniales, tout en évoquant les opérations de désinformation et d’intoxication » menées par les services psychologiques comme la « bleuïte ». Les problèmes internes du FLN sont aussi abordés à travers la mort de Abbane Ramdane, que l’auteur admire pour sa « vision et l’organisation politique qu’il a mises en place, sans négliger l’action armée » et le soutien logistique qu’elle nécessite. S’il explique que la responsabilité du MALG n’est en rien engagé dans la mort de Abbane Ramdane, survenue près d’une année avant la création de ce département, l’auteur précise que le colonel Boussouf est un « responsable politique libre de ses idées et de ses actes ». Il fait le récit du « conflit ouvert » entre des colonels de l’époque qui va « sceller le sort funeste de Abbane ». Dans le même ordre d’idées, Dahou Ould Kablia parle d’autres affaires internes comme l’affaire Lamouri, celle de Allaoua Amira, le procès de Chihani Bachir, ou encore l’affaire Zoubir, Hmaïdia Tahar de son vrai nom. L’ouvrage s’intéresse également aux premières années de l’indépendance dans un chapitre intitulé « L’héritage de la révolution » relatant les différentes crises politiques de 1962 à 1965 avant de revenir sur les politiques et faits saillants de différentes périodes de gouvernance. Né en 1933, Dahou Ould Kablia, bachelier en 1954, est l’un des étudiants grévistes de l’Université de Toulouse (France) où il était inscrit pour des études de droit. Il retourne en Algérie en 1956 pour adhérer à l’organisation urbaine du FLN avant de rejoindre l’ALN au début de l’année 1958. En juin 1958, il est transféré en base arrière pour faire partie de la deuxième promotion de commissaires politiques destinés à l’encadrement de l’ALN, avant d’être choisi pour intégrer le MALG où il assumera de hautes responsabilités. Au lendemain du recouvrement de l’indépendance, il occupera plusieurs postes de responsabilité.

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