Le wali d’Oran a mis l’accent sur la nécessité d’accélérer le rythme du recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) de la wilaya d’Oran et les recensements de l’habitat précaire et des constructions de fortune, au niveau des communes abritant des zones d’ombre, dans le cadre de la politique visant l’amélioration de la prise en charge des préoccupations quotidiennes des citoyens, particulièrement des couches stigmatisées par la malvie et l’effondrement du pouvoir d’achat . Les commissions de recensement des APC des foyers d’habitat précaire et des constructions illicites sont à pied d’oeuvre depuis quelques semaines, pour en arriver à un état des lieux exhaustif, transparent et crédible de la situation des zones de populations précarisées, particulièrement celles des constructions de fortune dans les zones d’ombre et les zones éparses de la wilaya. Seulement voilà, il se trouve que beaucoup reste à faire sur le plan de l’efficacité et de la transparence dans les recensements des constructions illicites dans les communes, tant la situation telle que rapportée par le biais de témoignages de familles concernées dont des ayants droit, rappelle la difficulté de la tâche malgré les bonnes intentions des autorités locales et des maires. Dans l’”ancien” cimetière d’Ain Beïda, à Sidi Khiar, des constructions et des extensions illicites érigées depuis plusieurs années n’ont pas été démolies à ce jour malgré les incessants appels de leurs occupants, lancés durant l’année 2014, aux responsables de la commune de tutelle (Sénia), à la suite des fortes intempéries qui ont provoqué une inondation de leurs maisons de fortune, à cause d’un débordement d’un oued d’eaux usées situé à un mètre seulement de leurs constructions. Le comble dans cette histoire, à l’issue de notre déplacement sur les lieux pour nous enquérir de visu des conditions de vie de ces citoyens , est que ces constructions de fortune sont érigées à deux mètres de distance, à pied, de l’ancien cimetière d’Ain Beïda. Ici, et aussi étrange que cela puisse paraître, pas moins d’une centaine de familles habitent près de ce cimetière et disent entendre tous les jours, des voix maléfiques et bizarres, visitant leurs maisons de fortune. A ce fait anodin, s’ajoute le fait que ces familles sont depuis des années sans gaz de ville, ni réseau d’assainissement, ni électrification. ”Ces misérables, “oubliés” des recensements, de ces dernières années, ont voulu saisir l’occasion d’attirer une nouvelle fois l’attention des pouvoirs publics sur leur situation qu’ils ont jugée “inextricable” et “complexe”, suite à leurs appels de détresse restés lettre morte depuis 2014, année, rappelons-le, où ils disent “avoir alerté les pompiers et les responsables de la commune d’Es Sénia sur la gravité de leur situation “. “ Je suis divorcée et fille du chahid Ghezal Bouhafs dont onze membres de ma famille ont été tués par les militaires français lors de la guerre de libération nationale, mère d’un fils handicapé, victime d’un traumatisme du rachi cervical, sans travail qui vit, depuis dix années, dans un trou qui ressemble beaucoup plus à une tombe du cimetière d’à côté et nos espoirs d’être délogés de ce cimetière par craintes d’inondations, se sont presque évanouis “, souligne Ghezal Rabia. Une autre famille de cinq personnes, criant son désespoir de cause, a-t-elle aussi relaté la situation de sa construction de fortune, réduite à deux pièces, avec salle de bain, dans un état délabré, ni cuisine ni vaisselle, encore moins de draps pour se couvrir contre le froid glacial. Il faut venir ici pour en avoir le cœur serré et les yeux fixés parce qu’il s’agit d’une vraie “catastrophe” à laquelle sont aujourd’hui confrontées des dizaines de familles, sans compter le risque des maladies de choléra et des MTH.
