Quel moyen d’assurer à l’Algérie une réforme économique digne de ce nom? Cela passe par deux conditions sine qua non: l’investissement et la “dé bureaucratisation” de la gestion. Si pour l’investissement qui est au “stand by” à cause du Covid -19 et son corollaire inéluctable à savoir la fermeture des frontières, la situation est admissible, il n’en demeure pas moins que pour les “pratiques bureaucratiques” qui ont toujours la “peau dure” il n’y aurait pas forcément d’excuse! C’est l’un des “maux” de l’économie algérienne malgré l’amorce d’un plan structurel de sa relance. La bureaucratie de l’administration économique est en passe de détenir la “palme d’or” tellement elle est devenue la “gymnastique” préférée de ses acteurs, estime un spécialiste. La pandémie du Coronavirus qui sévit dans le monde, touchant de plein fouet l’économie mondiale, a retardé l’ouverture d’un débat sérieux sur la bureaucratie qui gangrène l’économie. La crise sanitaire est-elle, pour ainsi dire, cet “arbre qui cache la forêt” ? Et par quoi vont être entamés les futurs chantiers économiques de l’après Covid ? Serait- ce par la “débureaucratisation” ? Il est vrai que le climat “entrepreneurial” en Algérie n’est assurément plus le même depuis au moins les dix dernières années, malgré le semblant de tentatives de relancer l’investissement resté exclusivement réservé et centré durant cette sombre période de mauvaise gestion des affaires du pays, réservé sur les partenaires étrangers. Et l’investissement privé national dans tout cela ? Le président de la république Abdelmajid Tebboune a, dès son investiture, fait de la réforme économique et la lutte contre les pratiques bureaucratiques, l’une des priorités de son “Programme”. Ce débat sur l’investissement et la relance d’une économie, du reste, otage des pratiques administratives bureaucratiques, a fait, durant les années de gestion “mafieuse” par le “clan Boutef”, l’objet d’interprétations farfelues, orientées et savamment dirigées pour servir les intérêts de certains partenaires étrangers, et pas ceux de nos investisseurs, hélas, comme l’a illustré d’ailleurs pendant ces dernières années, la question sur la demande, par certains partenaires de l’Algérie, d’abrogation de la formule 49/51 régissant l’investissement, une mesure dont les prérogatives de levée ou de maintien relèvent pourtant de la souveraineté du pays. Il en ressort donc une question simple, une seule: vers quel modèle se dirige l’économie algérienne? Le président de la Confédération algérienne des Patrons citoyens (CAPC), revient sur le sujet “bouillonnant” relatif à la réforme économique et de la bureaucratie.”Depuis le début de la crise sanitaire, notre économie souffre et nos entreprises sont en train de fermer l’une après l’autre”, a signalé Samy Agueli, président de la Confédération algérienne des patrons citoyens (CAPC). D’emblée, M.Agueli reconnaît qu’on est en train de perdre des acquis et qu’«il y a vraiment le feu à la maison». S’exprimant, mercredi, à l’émission L’Invité de la rédaction de la chaîne 3 de la Radio Algérienne, Samy Agueli tire la sonnette d’alarme en affirmant que notre économie est en train de s’effondrer. «Aujourd’hui, la réforme économique n’est pas un choix mais une obligation. La situation est compliquée et nous la ressentons de jour en jour», dit-il. Lorsque je parle de réforme économique, explique-t-il, cela veut dire qu’il faut reprendre l’économie avec d’autres réflexes, «avec une débureaucratisation réelle qui sera ressentie sur le terrain, non au niveau déclaratif. La Bureaucratie est une réalité amère et est notre ennemie numéro un, et ce, depuis plusieurs années déjà. « Cette bureaucratie est plus puissante aujourd’hui que jamais et bloque beaucoup de créateurs de richesse », regrette l’invité, tout en appelant à l’impératif de débureaucratiser les actes de gestion et d’investir. Selon lui, il y a des secteurs sensibles qui nécessitent réellement un électrochoc pour une reprise rapide. «On ne peut prétendre à un avenir économique meilleur sans cette relance économique, tant demandée par les Algériens», estime-t-il. La réforme est, donc, vitale aujourd’hui pour notre économie, fait-il savoir, en indiquant que «la situation nous impose une réforme profonde et un autre model économique pour se projeter dans l’avenir et surtout, savoir être réaliste tout en réagissant vite face à cette crise qui est en train d’emmener des ponts entiers de l’économie». Avant de prendre en compte tous ces points, on doit d’abord sauver nos entreprises qui commencent à ressentir le poids de la crise, fait-il remarquer, puisque, et d’ajouter, «nous avons des signaux très négatifs» venant des sociétés qui existent depuis des années ayant les moyens de payer leurs engagements. Citant l’exemple des demandes d’autorisation pour exploiter ou investir, Samy Agueli dit qu’ »il faut arrêter, tout de suite, avec ces demandes dont beaucoup restent sans réponses ». « Des entreprises sont aujourd’hui à l’arrêt, à cause de ce fameux document. La réalité est là, l’entreprise vit des moments très sombres et très durs», déplore-t-il.
L’orateur estime, à la fin de son propos, que « les mesures prises par le gouvernement ne sont pas assez ou n’ont pas été carrément réalistes, à cause, bien sûr, de la bureaucratie ». «Il faut trouver les moyens comment accompagner nos entreprises et arrêter toutes pénalisation», recommande-t-il et de suggérer «une année blanche sur le plan fiscal et parafiscal».
