Le village d’Ifri, perché sur les hauteurs d’Ouzellaguen, a été, avant-hier, le lieu de convergence de centaines de personnes qui sont venues des quatre coins du pays pour commémorer le Congrès de la Soummam. Comme chaque année, ce haut lieu de la révolution a réuni ce que la politique a séparé et creusé le fossé entre les enfants du même pays. Soixante six ans après, le lieu de la réunion d’Ifri, qui a été déterminante pour la réussite de la Révolution Algérienne, devient toujours ce haut lieu de convergences politiques et un acte d’inspiration pour les acteurs du mouvement citoyens. « On vient se ressourcer et prendre acte du consensus du Congrès de la Soummam pour la libération du pays pour réaliser un consensus pour la libération du peuple », nous dira un animateur du mouvement associatif local qui souhaite que « le combat d’hier soit une leçon d’inspiration pour relever les défis d’aujourd’hui», en appelant au rassemblement «des forces vives de la nation pour construire un front intérieur solide face aux défis qui guettent le pays». Ainsi, les assises de la Soummam du 20 août 1956, qui ont enfanté la plate-forme de la Soummam, sont toujours d’actualité pour beaucoup d’acteurs politiques qui mettent en avant «la primauté du politique sur le militaire». Les adversaires du Congrès de la Soummam qui se sont opposés farouchement à ses résolutions, ont pesé de leurs poids après l’indépendance, en influant sur le cours des événements. Une adversité qui remonte à l’après Congrès où les absents à cette réunion d’Ifri Ouzellaguen se sont opposés à ce rendez-vous de la Soummam dont les principaux opposants sont Ahmed Ben Bella et Ahmed Mehsas, ce qui a provoqué à l’époque une lutte interne entre les chefs du F.L.N en Tunisie et ceux de l’intérieur. Un bras de fer et une guerre en sourdine qui a coûté la vie à l’un de ses architectes, Abane Ramdane en l’occurrence qui a été assassiné par ses frères de combat au Maroc. Selon les acteurs de la Révolution Algérienne, les divergences sont d’ordre idéologique. Abane qui pensait déjà, de par le contenu de la plate-forme de la Soummam, à une Algérie moderne, dérangeait les partisans de l’arabisme et de l’islamisme, influencés et guidés même par Djamel Abdenasser et Fethi Dib, le chef des services secrets égyptien. Aujourd’hui, les adversaires du Congrès de la Soummam campent toujours sur leurs positions et font de tout pour oublier ce rendez-vous, contrairement aux fidèles de la plate-forme, qui voyaient en cette date, un premier jalon de la naissance de la République et qui continuent encore à se revendiquer haut et fort du document de la Soummam. Le Congrès de la Soummam appartient certes à l’histoire, mais pour feu Ait Ahmed: «Bien au contraire, son défi exemplaire à la fatalité s’impose plus que jamais au présent puisqu’il peut constituer l’une des clefs pour un avenir de justice de liberté et de réconciliation», disait-il à chaque fois que l’occasion lui était donnée de parler de cette importante étape de la Révolution Algérienne. Pour cette figure charismatique de l’histoire, «faire revivre le Congrès de la Soummam, c’est ouvrir la voie à l’espoir et redonner à la nation algérienne confiance en elle-même. Le miracle qui a pu s’accomplir en pleine guerre de reconquête coloniale, est, aujourd’hui à la portée des Algériens et Algériennes». Ceux qui s’opposent au Congrès de la Soummam, pour aussi une question de leadership, se contrarient aujourd’hui par ces jeunes qui convergent vers ce haut lieu de la révolution, sur le lieu-même où se sont réunis Abane, Ben M’hidi et autres. Un message cinglant pour ses opposants et une manière de leur dire que le relais de la Soummam est bien pris par ces jeunes fidèles à Abane. Ifri est donc, pour toujours, ce lieu de convergence politique malgré les querelles partisanes. Aujourd’hui, le village d’Ifri a été le lieu de convergences des officiels, familles révolutionnaires, politiques, associatives et même des anonymes pour se ressourcer. Le Président de la République a réaffirmé, à maintes reprises, tant dans ses discours à la Nation ou lors de ses entrevues périodiques avec les représentants des médias nationaux, sa détermination à aller de l’avant pour consacrer le rassemblement, l’unification des rangs et le renforcement du front interne, « notamment en cette conjoncture sensible de l’histoire du pays, afin de gagner la bataille du renouveau ». Le Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a appelé, vendredi, à préserver la mémoire collective et à veiller à la protéger des fourberies de ceux qui, depuis des décennies, traînent derrière eux leur haine et leur âpre rancœur pour les réalisations de l’Algérie indépendante et souveraine.