Accueil » Sbah Rabbi » Chacun son rêve

Chacun son rêve

Le conflit des générations a de tous temps existé. Une génération durant entre vingt-cinq et trente ans, bien des changements dans les comportements peuvent intervenir en une période qui semble acceptée par tous, pour comme référence numérique. Mais comme chaque génération est portée par un rêve, celle qui a précédé l’indépendance se distinguait par le désir de libérer l’Algérie du joug colonial, y compris par les armes. Surtout par les armes et au prix fort car la majorité des algériens ont adhéré à l’idée d’une guerre anticoloniale engagée au départ par une poignée de femmes et d’hommes. Des morts, des blessés et une terre brulée à reconstruire, le colonialisme étant par essence destructeur. La génération qui a succédé à celle respectable des moudjahidine, les vrais, se reconnaissait dans le désir de faire des études chacun selon ses moyens, selon ses conditions sociales et sa volonté de s’engager dans ce nouveau combat. Certains ont poussé jusqu’à l’Université, certains autres ont trouvé leur chemin de vie dans les métiers. L’important était de fournir une main d’œuvre nationale indispensable pour la relance d’une économie nationale naissante, du fait que le travail ne manquait pas dans tous les secteurs de l’administration, des services ou de la production industrielle et agricole. Une sorte de génération de transition. La génération qui a suivi et dont nous pouvons situer la naissance vers la fin des années 70 début 80 commençait à souffrir des crises économiques des réformes sans adhésion, de la chute de la monnaie nationale et du rétrécissement du nombre d’emplois. C’est la génération qui, à l’ombre de la fièvre libérale est parvenue à se révolter lors des évènements d’Octobre 88 obligeant les pouvoirs publics à la libération du champ politique et à la naissance des partis politiques de diverses obédience. La suite a fait l’objet d’une riche littérature. La suite a été dramatique dix années durant. Le rêve d’une démocratisation de l’Algérie s’est transformé en cauchemar. La génération des années 90 a quant à elle, a déchanté pour ne croire qu’au pouvoir de l’argent du fait des échecs successifs de la politique et de l’économie. Il s’agit là d’une génération pragmatique et dont l’intelligence s’est transformé en un «sauve-qui- peut» généralisé au rêve incompris par les anciens mais justifié par les différents blocages: partir ailleurs en quittant le pays quel que soit les moyens de chacun. Nous en sommes arrivés à perdre un potentiel de médecins énorme pour ne citer que leur cas. La réalité est bien là comme une gifle et les remèdes sont loin d’être dans les moyens de l’Etat. Et pour ne pas sombrer dans la mélancolie on doit bien se dire qu’avant ce n’était pas mieux mais juste différent. Chacun son rêve.

À propos Ahmed Saifi Benziane

Laisser une réponse

Votre adresse email ne sera pas publiéeLes champs requis sont surlignés *

*

x

Check Also

Le professeur s’est éteint le 05 octobre. Aziz Tadjeddine plus grand que grand

Le professeur Tadjeddine Abdelaziz, «Aziz» ...

Mettre de l’eau dans son vin

Désormais, coutumière des échecs politiques ...

Une vraie télé

Voilà bientôt deux années que ...

Les élèves sont-ils heureux ?

Une fois de plus la ...

Entêtement ou calculs politiques

Pas moins de 60 pays ...