La campagne oléicole qui a démarré est jugée à rendement faible, comparativement à l’année précédente, ce qui a déjà influé sur le prix de l’huile d’olive qui a dépassé les 700 DA le litre dans certaines régions de la wilaya de Béjaïa. Un prix jamais atteint auparavant et qui est imputé aux faibles rendements de la campagne oléicole en cours à travers le territoire de la wilaya de Béjaïa. On table, cette année en matière de production, sur la cueillette entre 200.000 et 300.000 quintaux d’olives en estimant le rendement en olive à 8 Q/ha et en huile à 18L/Q. Quant à la production d’huile, celle-ci est estimée en deçà des attentes. Le rendement d’une manière générale est jugé faible ce qui a influé sur les prix de l’huile. Ce faible rendement est imputé à la chaleur qui a sévi durant l’été dernier qui a donné naissance aux maladies qui ont infecté les oliviers. A cela, s’ajoute la faible pluviométrie. Les oléiculteurs qui ne vivent que de l’olive et de ses produits, tirent la sonnette d’alarme sur le devenir de l’oléiculture dans cette région, en appelant les pouvoirs publics à plus d’attention pour cette culture. Les oléiculteurs réclament toujours l’effacement de ces fardeaux de dette et aux producteurs de réitérer aussi leurs appels pour leur indemnisation, ces propriétaires d’oliviers qui étaient, pour rappel, assaillis par les intempéries et feux de forêts, n’ont pas encore été indemnisés à ce jour, de même qu’aucun plan de remplacement de ces arbres n’a été prévu. Il faut dire que l’olivier est omniprésent dans la wilaya de Béjaïa, une wilaya qui vient en tête en matière de surface oléicole à l’échelle nationale. A travers les 161.000 hectares que compte la superficie du verger oléicole national, la wilaya de Béjaïa représente plus de 30% de cette superficie, soit plus 50.541 ha et 48.313 ha de superficie en rapport, le nombre d’oliviers recensés dans cette wilaya est de 4.345.703 et le nombre d’oliviers en rapport a atteint les 4.150.086. Le verger oléicole de la wilaya de Béjaïa est situé, en grande partie, en zone montagneuse, dont 7% sur des terrains en pente moyenne à forte. Il se compose aussi de vieilles plantations qui représentent 75% de la superficie totale oléicole et ces oliviers sont issus, en grande majorité, de greffage d’oléastres. Aujourd’hui, la quasi-totalité de ce verger oléicole est atteint par l’âge, et, faute d’un entretien suffisant, ces oliviers donneront, selon les estimations des spécialistes, de faibles rendements. Dans cette même wilaya où l’olivier est roi, le taux de production des huileries traditionnelles représente environ 41% du parc oléiculteur, ce qui démontre, selon les représentants de la filière oléicole dans la wilaya de Béjaïa, que l’état du matériel utilisé à la trituration est vétuste et provoque un impact négatif sur les quantités transformées. Les caractéristiques qualitatives de l’huile d’olive vierge sont largement influencées par plusieurs facteurs qui agissent chacun différemment. Les spécialistes des services agricoles de la wilaya citent d’abord, le facteur génétique (variété): «l’huile d’olive est un produit issu du métabolisme de la plante, influencé par les caractéristiques des fruits (taille, rapport pulpe/noyau, cycle de maturation…)» puis des facteurs du milieu, dont le climat est un facteur déterminant pour les zones de culture de l’olivier et, ensuite, des facteurs agronomiques et qui concernent surtout les travaux culturaux qui améliorent le rendement. «Les incidences de la récolte dont la qualité et le rendement de l’huile d’olive sont liés à la technique de récolte». De ces mêmes techniques de récolte, l’on évoque surtout le gaulage, encore largement pratiqué, qui provoque des pertes importantes non seulement de la production de l’année mais également de celle de la campagne suivante, et cette technique donne aussi une huile dont le degré d’acidité est plus élevé avec, bien sûr, des odeurs étrangères. Des éléments qui affectent sérieusement la qualité des huiles d’olive, il faut relever aussi les conditions des stockages archaïques d’abord, au niveau des huileries puis au niveau des producteurs. Ce qui constitue l’un des facteurs les plus importants qui déterminent les modifications qualitatives de l’huile notamment, l’acidité et les substances aromatiques. La commercialisation de l’huile d’olive obéit aujourd’hui à un circuit de distribution de type traditionnel qui peut être qualifié d’informel. Les représentants de l’association pour le développement de l’oléiculture et des industries oléicoles, nous précisent au sujet de la commercialisation de l’huile d’olive qu’ «il n’existe pas de marché ou de circuit organisé pour l’huile d’olive», en ajoutant au passage qu’ «aucune opération d’exportation d’envergure n’a été effectuée à ce jour, et lorsqu’un excédent est dégagé par les oléiculteurs (lorsque celui-ci est important), une partie est commercialisée en dehors de la wilaya et le reste stocké pour être revendu l’année d’après». Pour la prise en charge de l’oléiculture, les représentants de cette filière, en d’autres termes, préconisent «un véritable coup de pied dans cette fourmilière». Concernant toujours cette commercialisation de l’huile d’olive, nos interlocuteurs nous ont fait savoir que concernant la vente de l’huile d’olive, «il a été constaté l’existence d’un circuit informel et parfois incontrôlable d’où cette vente anarchique altère même le label de l’huile de Kabylie reconnu, puisqu’ il existe des huiles douteuses écoulées sur le marché» et ces mêmes oléiculteurs de nous affirmer qu’aujourd’hui, «il est aberrant d’assister à des efforts en amont avec des aides consenties par les pouvoirs publics, non négligeables, pour aboutir à des résultats vains» en souhaitant à l’avenir «d’entreprendre ensemble, avec un maximum de coordination entre les différents intervenants, pour professionnaliser la filière et lui assurer une mise à niveau lui permettant d’affronter avec efficacité la concurrence internationale et exister même au sein de la globalisation». «La nécessité de prendre en charge aussi le sous-produit oléicole et la mise en place de crédits permettant à l’oléiculteur d’acheter l’olive, de régler les problèmes d’assurance spéciale durant la récolte, soutien à l’acquisition de matériel de traction animale dans des zones où le travail de sol le nécessite et enfin renforcer le tissu associatif pour développer la profession», sont aussi d’autres problèmes évoqués par les représentants de la filière oléicole de Béjaïa qui souhaitent un soutien conséquent à la production qu’à la trituration, de même qu’un train de mesures incitant à la création de laboratoires d’analyse et l’encouragement à la vulgarisation du management». Rappelons, que l’année dernière, la wilaya de Béjaïa a produit plus de 22 millions de litres d’huile d’olive.
