En matière de lutte pour la démocratie, la liberté d’expression, la transparence des activités à caractère public, il faut croire que les algériens ne sont pas au bout de leur peine. La preuve est donnée de manière aussi lamentable qu’irréfutable par le ministre de l’industrie qui refuse de dévoiler les noms des entreprises ayant bénéficié de l’agrément provisoire d’importation des véhicules neufs. Est-digne d’un gouvernement censé apporter le grand changement dans l’exercice de la politique au pays, alors qu’il a promis à qui voulait bien le croire que son premier acte probatoire serait de faire table rase de tout ce qui pouvait de près ou de loin rappeler les pratiques de dissimulation et de falsification des vérités, des pratiques qui étaient le mode opératoire des régimes liberticides passés ? Une question angoissante relevant du domaine insaisissable de la métaphysique me hante soudainement l’esprit : notre aversion à tout ce qui est porteur de valeur démocratique et de rapprochement entre représentants de l’autorité et les citoyens qui les ont supposément choisis, est-elle inscrite dans nos gènes ? Pourquoi un ministre d’une deuxième république encore en gestation se laisse t-il facilement tenter par des pratiques de culture du secret, apanage des systèmes du tout policier des trois premières décades post-indépendance ? Considère-t-il lui aussi qu’en 2021 le peuple est encore “immature“ pour être mis au courant des décisions du gouvernement qui pourtant agit théoriquement en son nom? N’a-t-il pas eu assez de supprimer d’un vulgaire revers de main une disposition de la loi de finances pour 2020 votée par les deux chambres du parlement, piétinant au passage toutes les normes légales et procédurales qui incarnent la souveraineté absolue du peuple et des institutions qui le représentent, et remisant ainsi notre pays au rang de république bananière ? Son outrecuidance se passe également de toute limite et de tout critère de subordination lorsqu’il ignore purement et simplement l’injonction à peine voilée du 1er ministre qui est censé être son chef hiérarchique, lui rappelant la nécessité de faire montre de transparence dans la gestion et l’octroi des agréments provisoires aux candidats importateurs des véhicules neufs. Ces attitudes invraisemblables de rétention de l’information n’ont pas manqué de lui valoir moult spéculations négatives sur des intentions et calculs cachés de marchandage politique ou d’autre nature. Et reléguer le dossier des voitures à la catégorie des points non prioritaires de l’ordre du jour du moment, qui dure tout de même depuis plus d’une année déjà sans aucun signe d’aboutissement prévisible, ne fait que rajouter à l’intensité des critiques qui le ciblent en dévoilant au grand jour l’absurdité de la démarche et son manque total d’opportunité.
Monsieur le Ministre : Parlez enfin !