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Béjaïa. Le métier de forgeron en voie de disparition

Dans la vallée de la Soummam, les maisons de forgerons où celles où sortent régulièrement les fumées, ces locaux aux portes frappées souvent de fer à cheval, signe synonyme de bonheur, sont, comme jadis, des lieux de rendez-vous des paysans, surtout les jours de marchés hebdomadaires, une plaque tournante, aussi, où l’on passe en revue le quotidien et les nouvelles et ce, pendant que le « maréchal-ferrant » bat le fer sur l’enclume, au moment où l’un des invités du jour tire le soufflet qui ravive les flammes; le son du marteau résonne aussi et fait partie du décor, planté des années durant, dans ces quartiers souvent populaires. Aujourd’hui, si certains des forgerons se sont convertis, avec le temps, dans d’autres créneaux de la ferronnerie, en s’adaptant à la modernité, d’autres, en revanche, sont restés fidèles à la forge traditionnelle. Ils continuent, après les premiers rudiments des premières générations dans la maréchalerie, à battre le fer en le transformant en petit matériel utile pour l’agriculture locale, mais aussi l’on continue encore même, avec le temps qui court, à ferrer des bêtes (âne, mulet, cheval), par la pose de fers fabriqués par ces dompteurs du fer. Les quelques forgerons qui existent encore, assistent à l’agonie du métier, puisque les métiers de la forge ne sont toujours pas dispensés au niveau des centres de formation professionnelle, comme nous cessons de le demander « , nous fait savoir un forgeron établi dans un quartier populaire de la région d’Akbou, en ajoutant, en outre qu’ »avec les temps qui courent, le métier de forgeron disparaîtra et ne sera qu’un lointain souvenir », puisque, ajoute-t-il « contrairement à un passé récent, il faut bien admettre que maintenant, il n’y pas de relève ». Cette relève, malheureusement, force est de le constater, ne suffit pas seule pour perpétuer ce métier, combien bénéfique pour le monde rural, puisque nos interlocuteurs s’accordent à relever la hausse vertigineuse du prix du coke, matière indispensable pour la forge, passé, selon les dires des forgerons de la région, subitement et sans préavis, à 7.000 DA le quintal, soit le double. En outre, il faut relever que cette matière payée au prix fort est jugée par ces mêmes forgerons « de qualité médiocre », puisque soutient-on aussi, depuis que les importations de ce produit ont cessé notamment après la fermeture des mines de France, « le coke qui nous parvient de Annaba, est retransformé par les forgerons, si d’abord les sacs ne sont pas remplis de sable, de pierres et de terre « , en concluant à ce propos que « même les poids sont truqués puisque le coke est souvent rempli d’eau pour prendre du poids ». Ces spécialistes de la forge qui tiennent encore à ce métier malgré les aléas, et contre vents et marées, nous signalent, par ailleurs, que malgré cette hausse inexpliquée des prix de la principale matière », nous appliquons toujours les mêmes tarifs à nos produits et aucune répercussion n’est enregistrée », puisque argumentent-ils, « nous travaillons essentiellement avec les paysans, notre clientèle étant constituée de pauvres qui ne peuvent supporter une quelconque hausse des prix ». Nos différents interlocuteurs attendant un geste fort des pouvoirs publics par l’aide et le soutien à l’achat surtout de la matière première pour sauver ce métier qui risque, au rythme où vont les choses, de disparaître et de ne laisser que des souvenirs.

À propos Hocine Smaali

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