Les festivités de Yennayer ont débuté dans plusieurs régions de la wilaya de Bejaïa. Décrétée journée chômée et payée le 27 décembre 2017, Yennayer sera célébrée avec faste, et ce après deux années de la pandémie de Covid. Le mouvement associatif des différentes régions de la wilaya est au rendez-vous de cette fête traditionnelle en concoctant des programmes qui sied avec cet événement plusieurs fois millénaire. Les festivités célébrant le nouvel an amazigh sont marquées par une panoplie d’activités culturelles, se déclinant essentiellement en termes d’hommage et de réhabilitation des traditions et des figures symboliques de la culture amazighe.
Des galas artistiques, des expositions de peintures et photos, des concours culinaires, des chorales enfantines, des projections de films et vidéos et des conférences-débats sont au menu de ces festivités. Des activités qui visent à perpétuer les traditions sociales et culturelles et leur authenticité surtout, car beaucoup ont été ébréchées par les vicissitudes des temps et de l’Histoire. Comme de coutume, Yennayer sera fêté, ce jeudi, dans toutes les régions de Bejaïa, à l’instar des autres régions du pays. Si les coutumes et us diffèrent, le 12 janvier reste le même partout, il est synonyme du début de l’année Amazigh. Yennayer est aussi le premier jour de l’an du calendrier agraire utilisé depuis l’antiquité par les Berbères à travers la Numidie, il correspond au 12 janvier de chaque année. L’an zéro du calendrier berbère est fixé en références aux premières manifestations connues de la civilisation berbère, au temps de l’Égypte ancienne, lorsque le roi numide Chechonq 1er (Cacnaq) fondateur de la 22e dynastie égyptienne prit le trône et devînt pharaon en Égypte. Selon les historiens, ce même roi, avant d’envahir la Palestine, réunifia l’Égypte à Jérusalem, il s’empara de l’or et des trésors du temple de Salomon (un grand événement cité dans la Bible). «L’ère Chachnaq» compte les années à partir de 950 avant Jésus Christ. Étymologiquement, Yennayer est composé de «Yen» signifiant Premier et «Ayer» qui veut dire mois, Yennayer est donc le premier mois du calendrier Amazigh et cette année nous sommes en 2973. Il faut dire aussi que Yennayer est la seule fête non musulmane commune à tous les peuples d’Afrique du Nord et dans chaque région, elle donne lieu à des festivités diverses et à des repas familiaux concoctés traditionnellement. Ainsi, l’on raconte que cette fête est célébrée anciennement par de multiples préparatifs en Kabylie où, raconte-t-on, «les femmes se chargent, la veille de Yennayer, de recouvrir les murs à la chaux « aruccu s tumlilt » et changent le trépied du feu (lkanun) ».
Un rituel, qui se fait deux ou trois jours avant Yennayer dans les Aurès et porte le nom de « bu ini » (jour du trépied). Ces préparatifs, nous dit-on aussi, se terminent surtout par un grand nettoyage intensif et afin d’assurer l’abondance de la nouvelle année, on verse des céréales entre les jarres en terre. Cette notion d’abondance souhaitée et préparée pour conjurer le sort se retrouve dans le repas de Yennayer dont le mets principal reste le couscous de blé. Si la tradition de coiffer les garçons en ce premier jour de Yennayer a disparu ces derniers temps, la célébration de cette date reste, par contre, bien ancrée. Ainsi dans la région de Bejaia, comme ailleurs en Kabylie, c’est toute la famille qui prend part à la célébration du nouvel an Amazigh, ce dernier est attendu avec allégresse dans tous les foyers et pour la circonstance un plat simple, ami symbolique est préparé. Il s’agit d’un couscous au poulet, des crêpes comme on prépare aussi Uftiyen, une soupe préparée à partir des pois chiches, fèves et des pois cassés, une manière de souhaiter une année féconde et fertile dans le domaine agricole.
Dans les Aurès, on célèbre cette date par la récolte dans les champs des genêts (UZZU) qu’on expose sur les habitations, un geste que les Chaouis font pour repousser la malédiction. Une tradition fêtée aussi avec faste dans la région de Tlemcen et exactement à Beni Senous où un carnaval annuel est organisé chez les habitants de l’Ahaggar, la célébration de Yennayer varie d’un lieu à un autre, on raconte que les femmes et les hommes se payent de nouveaux vêtements et la veille de Yennayer, les jeunes passent la soirées en chantant et dansant et les jeunes filles, quant à elles, c’est une journée où elles reçoivent des cadeaux de valeur. Dans cette région des hommes Bleus, des repas copieux sont préparés pour l’occasion comme le Kasbasu (Couscous), Tagella (pain), Talabagt (Viande hachée) et Aghache (jus). Décidemment, les traditions de Yennayer sont ancrées dans les coutumes, un événement rassembleur des Algériens qui les réconcilient avec leur identité plusieurs fois millénaire.
