Comme à l’accoutumée, à la veille du mois de Ramadhan, les différentes Associations de diabétiques de la wilaya de Bejaia intensifient leurs campagnes de sensibilisation en direction des malades diabétiques. Cette campagne que mènent en grande pompe ces organisations qui travaillent en faveur des malades atteints du diabète, répond à la lancinante question que posent les diabétiques sur la conduite à tenir durant le mois de jeûne qui approche. « Un mois à risque pour une certaine catégorie de diabétiques qui jeûnent et qui sont exposés aux hypoglycémies, hyperglycémies, à la cétose diabétique et à la déshydratation », nous dira un médecin qui accompagne les Associations de diabétiques, lors de leurs campagnes de sensibilisation. « Les personnes vivant avec le diabète, traitées avec de l’insuline ou des sécrétagogues d’insuline, sont particulièrement à risque », nous fait savoir un autre médecin spécialiste du diabète qui a tenu à souligner qu’au-delà du jeûne quotidien, « le Ramadhan entraîne une perturbation drastique des habitudes de vie, particulièrement en lien avec l’alimentation et l’horaire de sommeil, qui perturbent le malade ». « Ce qui a motivé notre action, ce sont justement ces malaises fréquents des diabétiques, enregistrés au niveau des hôpitaux de Bejaia, durant ce mois de Ramadhan », nous dira un membre de l’Association des diabétiques de la wilaya de Bejaia que nous avons interrogé sur ces sorties brusques sur le terrain. Aux autres membres associatifs rencontrés de nous préciser que « la plupart des malades dont le jeûne n’est pas conseillé, le font aux dépens de leur santé, ce qui provoque des malaises et parfois graves ». Pour ces sorties sur le terrain, les Associations de diabétiques de Bejaia ont concocté un programme de sensibilisation, en observant des haltes d’explication à travers les villages sur le Ramadhan et le diabétique, une maladie qui prend de l’ampleur à Bejaia où elle ne cesse de toucher de larges pans de la société. Ainsi, le nombre de diabétiques dépasse, à Bejaia, à en croire les associations de diabétiques, les 40.000 dont plus de 15.000 sont recensés au chef-lieu de wilaya, suivi d’Akbou avec plus de 10.000 diabétiques recensés. Ces chiffres sont en deçà de la réalité, puisque nous précisent certains responsables d’Associations de diabétiques, beaucoup de diabétiques ne sont pas recensés officiellement et faute de campagne de dépistage, beaucoup sont diabétiques, sans le savoir malheureusement! Les Associations de diabétiques de Bejaia, affiliées à la Fédération nationale des diabétiques, ne cessent de demander une prise en charge conséquente pour les malades et la dotation de maisons de diabétiques qui n’ont que de nom, de moyens adéquats pour faire face au nombre de malades qui ne cessent de s’accroître. « Une maladie qui prend de l’ampleur dans cette wilaya dont même les enfants ne sont pas épargnés », nous dira un parent dont l’enfant est atteint récemment de cette maladie, après avoir été dépisté par une unité de soins scolaires. Selon les estimations du secteur de la santé, le diabète de type 1 est diagnostiqué chez les enfants de moins de 15 ans qui représentent 20% des diabétiques recensés. Pour ce mois de Ramadhan, l’objectif de cette campagne est de sensibiliser les diabétiques sur la conduite à tenir durant le mois de Ramadhan, apprend-on de l’équipe chargée de la campagne de sensibilisation, une équipe qui essaye d’expliquer aux diabètes de type I ou les insulinodépendants que le jeûne pourra leur causer des désagréments et à ceux de type II, qu’ils peuvent jeûner à la seule condition de vérifier leur glycémie au moins trois fois par jour. Ce sont là les quelques conseils prodigués par cette équipe aux malades, rencontrés dans les villages et le programme de ces rencontres de proximité continuera jusqu’à la fin du mois de Ramadhan. Les Associations de diabétiques de la wilaya de Bejaia, affiliées à la Fédération nationale des diabétiques, ne cessent de demander une prise en charge conséquente pour les malades et la dotation des maisons de diabétiques de moyens adéquats pour faire face au nombre de malades sans cesse accrus. « Les maisons de diabétiques n’ont que de nom se contentant de faire des consultations sans plus », nous dira le président d’une Association de diabétiques, qui nous évoque, par-là, les problèmes de prise en charge du diabétique, en constatant amèrement que «beaucoup reste à faire pour cette couche de société qui est laissée pour compte ». Notre interlocuteur évoque enfin « l’exclusion des diabétiques dans les recrutement, puisque les employeurs rejettent d’emblée ces malades, après constatation de leurs certificats médicaux, délivrés au recrutement », une exclusion qui s’inscrit portant en porte-à-faux avec la réglementation en vigueur. Convaincre certains malades à risque de ne pas jeûner afin de ne pas nuire à sa santé, n’est pas chose aisée pour ces Associations et autre staff médical en campagne, c’est pourquoi il est fait appel à un Imam pour expliquer le côté religieux.
