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Bains maures. Au delà d’une simple tradition

Un florilège d’établissements rendait fière la ville de Mostaganem. Le hammam était, pour tous, une destination immanquable. Il continue à susciter un engouement manifeste aussi bien chez les hommes que chez les femmes. Mostaganem, possédait une vingtaine de bains maures: DERB – 6 dont un fonctionnel celui de hammam Bouamrane, un établissement datant de l’époque ottomane qui mérite son classement. RAISINVILLE: 2 hammam Messabih et hammam bénaïcha: TIDJDITT 12 hammams Sidi Ouadddah – Dergua (Mimi), c’était le lieu préféré de Sidi Hamou Cheikh – Ghaar – Sbâa – Mecqua – Bekournine – Missoum – Driss – Bensaâdoune – Bélagrâa – Bélaïdouni – Zaouia Allaouia, seul ces deux derniers sont fonctionnels. Le hammam devient un lieu évènementiel, il fait partie de nos us et coutumes et partie intégrante de nos différents quartiers populaires. Il se distinguait par quatre enceintes, la première enceinte: «eskifa» La deuxième enceinte est une salle ornée d’arcades au style mauresque et fait fonction de vestiaire et salle de détente après le bain. La troisième salle est nommée «bite eskhoun» ou chambre chaude. La température y varie entre 40° et 60°, saturée à 100% d’humidité. Dans les bains traditionnels, on y trouve un socle au milieu, communément appelé «sorra ou borma» et des petits éviers en marbre ou granitos avec des robinets d’eau chaude et froide. La quatrième enceinte une ou deux «bayte el 3aroussa, elle est moins chaude c’est l’endroit où la mariée prend son bain avec tout un cérémonial. Le hammam est presque l’unique endroit où il n’existe aucune distinction sociale. Toutes les catégories s’y côtoient C’est un lieu de palabre, un lieu intime, où l’on se confie et où règne au milieu des brumes parfumées une ambiance extraordinaire, du hénné, du champoing, etc… Mis à part le bain, le principe premier du hammam est de s’extraire de son quotidien, surtout de se détendre. Pour cela, tout un personnel y est mobilisé pour garantir la meilleure prise en charge. Pour les hommes, il s’agit d’un homme assez costaud, un gaillard, appelé «moutchou, il se charge du massage et du gommage. Chez les femmes, il y a deux sortes de services. Celui accompli par la «gardienne des  »rezma », et celui de la  »tayyaba ». En premier lieu, et dès l’entrée au hammam, nous retrouvons celle qui garde «El razma». (les valises), c’est elle qui se charge des affaires des clientes, surveille les affaires et se tient mobilisée pour servir les serviettes ou le peignoir lorsque la femme finit son bain. Dans la chambre chaude, nous retrouvons le rôle de la tayyaba. Cette dernière est chargée du massage et du gommage. Elles jouaient un rôle social très important. La tayyaba était, en quelque sorte, une véritable agence matrimoniale à l’instar des  »delalettes ». La tayyaba faisait l’intermédiaire entre deux familles, les rapprochait et ramenait les informations utiles pour une union. Les familles qui avaient leurs jeunes filles à marier, elles les exhibaient au hammam de manière à ce qu’elles soient visibles toutes nues de façon à mieux se faire observer sur leurs morphologies. On célèbre le dernier bain de célibat de la future épouse avec la derbouka, cherbette et des gâteaux faits maison. L’heureuse élue est accompagnée de toute sa famille avec un enchaînement de youyous et de chansons. Par contre le jour du «tawrih» la mariée enlève ses bijoux sur la «borma» et sa maman les ramasse dans un foulard. Pour l’homme c’est le même cérémonial. Les clients du sexe masculin se voient choyés du fait que des bancs soient mis à leurs dispositions pour se reposer une fois le bain terminé. Ils ont droit à une paire de «karkabes» et souvent les clients laissent leur banc personnel chez le moutcho. Nos bains maures ont une histoire, un nom, mais aussi une extraordinaire architecture qu’il serait criminel de ne pas s’y intéresser de plus près à l’instar des hammams: Sbâa à l’abandon et squatté par les réfugiés du Sahel, et celui de Bouamrane qui est fonctionnel et bien entretenu.

À propos Mohamed Krelifa

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