Les conditions climatiques défavorables dissuadent les émigrés clandestins. De plus de plus de migrants clandestins algériens sont portés disparus par les Garde-côtes espagnols, ces dernières semaines. Certains d’entre eux avaient pris le large à partir d’Oran. L’Algérie a voté en 2009 une loi visant à combattre l’émigration clandestine, en prévoyant des peines allant jusqu’à six mois de prison fermes. Mais cela n’a pas calmé l’ardeur des harragas qui souvent préféraient s’armer d’embarcations sophistiquées pour espérer échapper au pire. En 2021, l’Espagne a décidé de renforcer les contrôles sur les immigrés algériens. Elle a commencé par renforcer le détroit de Gibraltar la séparant du Maroc. Depuis début janvier, 6.500 émigrés algériens avaient été interpellés ou placés dans des centres rétention de pays relevant de l’UE. Dernièrement, les renvois se sont intensifiés. Toutefois, les conditions météo actuelles semblent avoir leur effet indubitable sur les candidats aux traversées périlleuses via la mer pour rejoindre les côtes ibériques. Neige, pluies, orages et tempêtes, les harragas en sont devenus moins fous qu’auparavant. Ils en seront d’ailleurs moins gâtés. Cela a été constaté depuis début novembre. Si les arrivées d’Algériens en Espagne par la mer persistent malgré des conditions météo difficiles, certains, depuis un mois, ont été forcés de rebrousser chemin. Le 24 octobre dernier, fin de semaine tragique signalée en Méditerranée. Au moins 43 harragas algériens dont de femmes et enfants seraient portés disparus selon certains chiffres. Le 17 octobre, 14 harragas ont péri en mer à la province d’Alméria. La Guardia civil espagnole n’a pu récupérer alors qu’un seul survivant. Plusieurs dizaines d’autres seront en revanche contraints au retour. Pas évident de faire de telles descentes par la mer en pareille circonstance climatique. Depuis début novembre, 300 personnes au moins ont été renvoyées en Algérie, via des ferries de la compagnie Trasmediterranea. Le 21 novembre, 20 personnes parties d’Algérie ont été secourues par les garde-côtes espagnols, à Almeria et Alicante. Une semaine auparavant, 16 autres passagers d’une petite embarcation à moteur dont une femme, ont été interceptés par les autorités de Carthagène, à environ 50 miles des côtes andalouses. En dépit d’une météo dégradante – à cause du mauvais temps, un avion de l’armée de l’air est désormais chargé de patrouiller la zone à la recherche de navires, les « harragas » continuant de traverser la mer pour tenter leur chance en Europe. Mais depuis un peu plus d’un mois, c’est un autre ballet qui se joue en mer Méditerranée. Des ferries de la compagnie Trasmediterranea, affrétés par l’Espagne, font le chemin inverse. A leur bord des migrants algériens pourtant récemment arrivés sur le sol espagnol. Le 25 novembre, un bateau avec à son bord 30 personnes a quitté Almeria, à destination d’Oran. Ils étaient détenus au centre de détention pour étrangers (CIE) de Barcelone, indique sur sa page Facebook, Francisco José Clemente, fondateur de l’ONG Heroes del Mar. Ces établissements prennent en charge les étrangers majeurs arrivés illégalement sur le sol espagnol et qui font l’objet d’une expulsion, pour une durée de 60 jours maximum. Les émigrés sont autorisés à utiliser leur téléphone portable à l’intérieur de la structure. « Ils sont tous en contact quotidien avec leur famille », affirme-t-il. Aussi, 88 personnes ont été reconduites en Algérie. Un navire est parti sept jours auparavant de la ville pour Oran avec à son bord 30 Algériens. Eux aussi avaient passé plusieurs jours dans le CIE de Barcelone. Idem les 13, 10 et le 3 novembre, des bateaux ont fait le chemin similaire vers Oran et vers Ghazaouet (à l’ouest du pays) transportant 156 personnes au total. Pour le seul mois de novembre, ce sont donc 304 Algériens qui ont été ramenés dans leur pays par les autorités espagnoles. D’après le quotidien El Pais, c’est en août dernier que le ministère espagnol de l’Intérieur a, en urgence, signé un contrat avec Trasmediterranea. Au total, quatre ferries sont mobilisés, « afin d’expulser les Algériens en situation irrégulière, arrivés par bateaux ». La sous-traitance de chaque navire, « qui comprend la prise en charge des rapatriés et des agents qui les accompagnent, ainsi que leur voyage de retour en Espagne », coûte au total 300.000 euros, d’après un document consulté par le journal. L’appel d’offres pour ces rapatriements a été traité selon la procédure « d’urgence », réservée aux cas dans lesquels « l’administration doit agir immédiatement, en raison d’événements catastrophiques, de situations présentant un danger grave ou de besoins affectant la défense nationale ». Un contrat similaire avait été signé en décembre 2020. ? l’époque, trois navires avaient été affrétés pour rapatrier 120 Algériens accompagnés de 240 policiers, d’Alicante à Oran. Ces prochains mois, les expulsions devraient se faire encore plus régulières. Car les traversées de la Méditerranée depuis l’Algérie sont toujours nombreuses. Selon les autorités espagnoles, près de 10.000 Algériens au total sont entrés clandestinement sur le territoire depuis le début de l’année, soit 20 % de plus qu’il y a un an. Si certains parviennent à atteindre les côtes andalouses et les îles Baléares sains et saufs, de nombreux bateaux ne gagnent jamais la terre. Le 17 novembre, un bateau parti d’Oran pour Almeria a disparu, avec à son bord 14 personnes dont 02 enfants de 05 et 12 ans, une femme et un homme handicapé. Et le 5 novembre, une autre embarcation à moteur, partie d’Alger pour les îles Baléares, a chaviré. ? son bord, 11 personnes, dont un enfant et une femme. D’après l’ONG espagnol Cipimd, 270 personnes auraient disparu sur cette route entre le 1er janvier et le 30 septembre. Début novembre, Cipimd a dû prévenir « une maman restée au pays, qui attendait des nouvelles de sa fille partie avec sa petite famille », peut-on lire sur sa page Facebook. « Nous sommes au regret de vous annoncer que l’embarcation dans laquelle voyageaient vos proches, a naufragé. Ce n’est que maintenant que la Méditerranée a bien voulu rendre le corps de votre fille. Pour le moment, les dépouilles des deux autres victimes n’ont pas été récupérées », a annoncé l’association. ? l’autre bout du fil, comme seule réponse « des cris » et « des pleurs ». Puis la communication s’est interrompue.
