Par B.Habib
C’est acquis. La chasse est officiellement hissée au rang de vecteur de développement économique en Algérie. La délivrance des premiers permis de chasse a sonné le début d’une “Nouvelle ère ” pour l’activité de la chasse dans le pays. Mais à analyser les ambitions telles que affichées par le Gouvernement, il apparaît clair que la chasse va dorénavant épargner les espèces animales qui sont menacées de distinction afin de préserver le parc et par-là même assurer les équilibres écologiques et biologiques du parc national, tant convoités. La chasse revient donc dans le pays, après une longue éclipse de plus de 25 ans. Un pays certes réputé par ses 1.200km de côtes, son réservoir forestier immense mais aussi par ses espèces animales terrestres, volantes et marines mais dont l’économie combien coupée pendant plusieurs années de ressources appropriées inestimables. Le ministre de l’Agriculture et du Développement rural a dessiné le programme d’action de la chasse saisonnière pour les mois à venir. Mais avant, il a fixé, ce mardi, la date du début de cette activité qui a fait jadis les beaux jours du tourisme et du développement de la faune en Algérie. M. Abdelhamid Hamdani a, en effet, annoncé, samedi à Alger, la réouverture officielle de la chasse à partir du 15 septembre jusqu’au 15 février, après plus de 25 ans de suspension en raison de la situation sécuritaire qu’a connue le pays, durant les années 1990. Connu pour être l’un des engagements du Président de la République, Abdelmajid Tebboune, faits à l’issue de son investiture aux représentants de la Fédération nationale des chasseurs, la réouverture officielle de la chasse met ainsi fin au suspense qui a longtemps plané autour de cette activité pourvoyeuse de tourisme qui entre dans le domaine de préservation des espèces animales du parc national. La chasse a, des années durant, privé l’économie des ressources intarissables susceptibles de lui générer des dividendes. Le ministre, M. Hamdani, a affirmé que la reprise et l’organisation de l’activité de chasse étaient à même de « contribuer à la préservation de l’équilibre écologique et biologique et des richesses naturelles, à lutter contre la chasse anarchique ainsi qu’à la promotion de cette activité et la consécration de son rôle dans le développement de l’économie nationale ». Cette fin de léthargie dans laquelle cogitait la chasse depuis un quart de siècle est, somme toute, révélatrice pour les spécialistes de la volonté du Chef de l’Etat de booster l’économie mise à mal par le rétrécissement des revenus pétroliers et ses incidences budgétaires sur le produit national brut et le pouvoir d’achat du citoyen. La grande annonce a été faite au ministère de l’Agriculture, en présence de membres de la Fédération nationale des chasseurs, des Fédérations de wilaya et de cadres de la Direction générale des forêts (DGF), ainsi que des médias. Le ministre a rappelé que la suspension de l’activité de chasse, depuis plusieurs années, « a permis la prolifération des espèces animales, la mise en place de dispositifs législatifs et réglementaires appropriés à cette activité en vue de garantir une meilleure protection de la nature, consacrer le principe de la chasse durable à travers une organisation optimale de la chasse et réduire la chasse illégale ou le braconnage ». Selon M. Hamdani, l’activité de la chasse est régie par la loi 04-07 du 14 août 2004, fixant les principes d’orientation liés aux modalités de livraison et de validation des permis de chasse, à l’organisation administrative, aux conditions de la chasse touristique et à la lutte contre le braconnage. Le ministre a assuré que la réouverture de la chasse « permettra, sans doute, d’éliminer le fléau du braconnage et amorcer un nouveau souffle pour le secteur, en reprenant sa place sur le terrain et en veillant à la protection, au développement durable, à la rationalisation des ressources de la chasse ainsi qu’à l’organisation des chasseurs appelés à faire montre d’efficacité et de maîtrise du patrimoine cynégétique ». M. Hamdani a mis l’accent sur « le rôle environnemental important qu’accomplissent les chasseurs » qui participent fortement à la protection des richesses cynégétiques et contribuent efficacement à la protection des bois contre les incendies. De même qu’il a mis l’accent sur le rôle économique de leur activité rentable pour l’Etat, eu égard aux redevances dues au leasing des aires de chasse et aux revenus des permis de chasse et des assurances. Le ministre a, par ailleurs, salué « les efforts des chasseurs et de la DGF dans la préservation, l’organisation et la gestion, de manière efficace, du métier de la chasse, le but étant également l’instauration d’un équilibre et la protection de la richesse animale à l’état sauvage ». Pour sa part, le président de la Fédération, Amar Zahi, a indiqué que l’ouverture de l’activité de chasse aidera à mettre un terme au braconnage à travers une gestion plus développée des aires réservées à la chasse par les associations au niveau local et ce, conformément à un cahier de charges que mettra en place la DGF. Intervenant à ce propos, le Secrétaire général (SG) de la Fédération, Sid Ahmed Belmahdi, a fait savoir que la rencontre visait à parvenir à une solution idoine pour les chasseurs et prendre les mesures complémentaires à la loi de 2004 régissant l’activité de chasse. Ce dernier a rappelé l’importance de procéder d’abord à la formation des chasseurs, la détention d’une qualification et d’un permis de chasse, la location des zones et la livraison des permis de chasse, avant l’annonce de la date du début de la saison de chasse. Il existe, selon le même responsable, 44 fédérations de wilaya sur le territoire national, sous la bannière de la Fédération nationale des chasseurs qui a vu le jour en 2015. L’organisation des chasseurs en associations et fédérations contribue grandement à la lutte contre le braconnage, en parallèle avec la sensibilisation de ces acteurs quant aux risques environnementaux de la chasse anarchique, a conclu M. Belmahdi.