Par B.Habib
Une situation qui a fait qu’elle souffre d’un “manque criard” de tout ce qui fait d’elle une Agence de souveraineté nationale du médicament. Pour son directeur Kamel Mansouri, l’Agence n’est réellement opérationnelle que depuis juillet 2020. «On peut dire concrètement qu’après un réel challenge de restructuration, de réadaptation et d’acquisition, effectué suite aux dernières orientations du Président de la République, on a maintenant une Agence qui est opérationnelle et effective tant bien que mal, sans pour autant omettre de dire qu’il reste toutefois beaucoup de choses à faire pour son développement», reconnaît- il à la radio chaîne 3. M.Mansouri présente l’Agence qu’il drive, tel un instrument de souveraineté nationale qui est chargé notamment d’assurer l’homologation de tout ce qui relève du pharmaceutique en général et qui veille à mettre une politique nationale du médicament dont l’aspect financier à savoir la réduction de la facture des importations médicamenteuses. Une Agence autrement dit qui non seulement a un droit de regard sur le développement de la recherche mais assure aussi le contrôle de la qualité des produits pharmaceutiques outre évidement ses missions régaliennes. L’Algérie couvre 50% des besoins de son marché de médicaments par la production nationale. Qu’est-ce qui empêche cette production nationale d’assurer 90% des besoins en médicaments d’autant plus que les produits importés coûtent cher aux malades et sont en majorité non remboursables par la Caisse de sécurité sociale? Pourquoi délivre-t-on aussi aux malades des produits peu sujets aux remboursements alors que ces derniers disposent de cartes Chifa à 100%? Ces dérèglements méritent d’être pris en considération par l’élaboration d’une véritable stratégie nationale des médicaments si elle existe? “Et pour réduire la balance importation-exportation, l’on se doit de respecter le rapport qualité de production selon les standards internationaux», précise-t-il. Pour ce qui est de la régulation du marché du médicament, l’Agence contribue, selon son directeur, indirectement par le processus d’enregistrement ou d’homologation, expliquant qu’«en cas de besoin d’un médicament sur le marché, on est obligé de l’enregistrer et parfois dans des conditions particulières, quand le médicament est indiqué en urgence, là on est obligé d’activer le processus de production sur demande des instances qui transmettent la demande des prescripteurs selon les normes standards internationales». Il s’enorgueillit en disant qu’«on a de la chance car les bonnes pratiques existent déjà», encore faut-il «les réadapter à notre environnement, au niveau national, pour assurer de mettre sur le marché des médicaments répondant aux standards internationaux en matière de qualité, d’efficacité et de sécurité». Est-ce à dire que ces pratiques mises en place depuis un peu plus longtemps (décret de 2008 donnant naissance de l’Agence nationale de médicament) n’ont été jusque-là opérationnelles qu’en 2017 avant d’être relancées, suite aux dernières orientations du gouvernement? «On estime être dans un secteur fortement réglementé qui obéit à de bonnes pratiques depuis la fabrication jusqu’à la dispensation», répliqua M. Mansouri. Pour réaliser cela, explique-t-il, il y a plusieurs procédés à mettre en route pour son développement dont les axes de formation, la restructuration, les compétences à pourvoir, les niveaux d’expertise à acquérir, etc. Et du point de vue logistique, abonde-t-il, «l’Agence est maintenant de plein statut spécifique comme notifié dans les textes (donc elle n’est plus une EPA) qui ont mis fin à une ambiguïté de statut car on n’avait pas de contrôle, de même pour le personnel qui était celui de l’ex-Laboratoire national central (LNC) ainsi que le manque de budget. « Ces insuffisances n’ont pas aidé à installer l’Agence jusqu’en juillet 2020 et le LNC n’a été dissous qu’à cette date par décret présidentiel », a-t-il affirmé. Une fois installée, l’Agence a pu, concrètement, nommer son personnel et acquérir son budget conséquemment avec revalorisation des salaires et payement des arriérés ainsi elle a pu acquérir des locaux bien aménagés pour recevoir les opérateurs après quoi l’Agence a commencé d’accomplir la mission qui est la sienne : le contrôle, la disponibilité du médicament et la réduction de la facture d’importation. Dans l’objectif de réduire la facture médicamenteuse de 400.000 dollars à l’horizon décembre 2020, Kamel Mansouri explique que l’Agence a du pain sur la planche. La raison selon lui est qu’elle est interpellée par des priorités. «Etant donné que la sphère du médicament a connu des révolutions à l’échelle mondiale, notre challenge est de passer du médicament chimique au médicament bio-thérapeutique (qui est un genre complexe). «Donc, c’est d’assurer le passage de cette catégorie de médicament, en procédant par l’évaluation, son contrôle et la promotion de sa production nationale», a-t-il souligné en substance, indiquant que «cette catégorie de bio-médicaments indiqués par exemple en hématologie, en oncologie, en maladies orphelines, en dérivés sanguins, en anticoagulants coûtent le plus au budget de l’Etat». Il rappelle que ces médicaments sont essentiellement des médicaments spécifiques destinés aux hôpitaux. Ce qui encourage les opérateurs nationaux privés, installés en Algérie, qui auront la charge de réduire cette facture et de permettre d’honorer les besoins de la pharmacie centrale algérienne (PCA), chargée à son tour d’approvisionner les centres hospitaliers et établissements hospitaliers universitaires (EHU).