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A Oran, quelle déambulation heureuse !

«Le musicien Yacine Bouha dispense des cours de guitare
pour créoliser le flamenco à l’institut Cervantès»

L’art comme valeur dionysiaque constitue une constellation signifiante, une fontaine «d’aimance» qui provoque une chapelle ardente d’air jovial, pour le dire en termes Nietzchien «sans la musique, la vie serait une erreur».
L’extase musicale déboulonne les vicissitudes de la vie quotidienne. Dans une continuité artistique, le flamenco se dresse comme une chevelure peignée dans l’espace méditerranéen, en l’occurrence l’Espagne qui conjugue efficacement la dimension esthétique des chants prenant appui sur la «physicalité des corps».
A ce titre, le flamenco mêle la culture savante et la populaire et pour le dire en termes artistiques, ce champ musical s’est inscrit au cours de son évolution dans la littérature romantique. Pour survoler l’histoire, la science du flamenco est née en 1881 avec la poésie d’Antonio Machado. En effet, dans «Colección de cantes flamencos» l’ouvrage décrit le caractère scientifique du chant musical. La continuité du savoir flamencologiste trouve un écho favorable, à travers le brassage culturel qui sied comme étant le lien unique de l’altérité. A titre d’exemples, citons l’enseignant musicien Yacine Bouha, il avait nourri son imaginaire musical à travers les flèches instrumentales qui magnifient une consécration mélodieuse.
Tout au long de son parcours d’enseignant, Yacine fera assimiler l’esprit et la conscience musicale à l’éclosion d’une fleur. La conjugaison de l’émotion corporelle couplée à l’émotion du flamenco fertilise sans cesse ce patrimoine. L’enseignement musical dispensé aux apprenants devient au fil des ans, un temple de béatitude permettant de goûter au chantre de l’esprit du «duende,» qui exprime de façon judicieuse l’engagement et l’envoûtement dans l’expression émotionnelle. Il va sans dire, que ce type d’éducation musicale n’est pas sans effet sur le brassage culturel de l’Algérie qui a sédimenté une richesse patrimoniale. De fait, la perpétuation d’un héritage féconde le principe de l’altérité. L’engouement pour le flamenco comme une terre insoumise a favorisé une pacification des mœurs. Pérenniser la musicalité du flamenco ne devrait pas seulement balbutier le rêve méditerranéen, mais le but est de presser l’envie de sève en sauvegardant ce patrimoine qui valorise un imaginaire moteur. Pour revenir au musicien Yacine, je dirai que le caractère sublime de sa musicalité enseignée, permet de faire la jonction entre le génie de l’interprétation et celui de la joie. La débauche poétique lui vaut de mettre en évidence un effleurement d’errance sur le devenir de la chanson oranaise. Il va sans dire que l’essence du flamenco est concomitant du poétique et tenir compte de la parole inventive du poète Garcia Lorca permet de pointer l’itinéraire du musicien Yacine quant à sa formation initiale ; Maîtrise en littérature espagnole, cela lui a permis de magnifier l’essence poétique avec musicalité.
L’esprit libertaire met en relief l’émancipation, dans cette optique, Yacine ne peut que donner un assentiment sur la phrase du poète Garcia Lorca qui disait : «A l’heure actuelle, seuls les problèmes sociaux et le sexe peuvent intéresser…».
À cet égard, l’art flamenco embrasse la culture subjective pour mettre en relief la place de la femme, citons la danseuse Sara Baras qui a commencé à se produire sur scène à l’âge de 15 ans. Dans le «café bonbon» situé à Miramar, bon nombre d’artistes férus de musique et de théâtre viennent capturer la saveur de la convivialité pour discuter leur projet respectif. Le musicien Yacine est un inconditionnel du café bonbon, il ne passe pas inaperçu, par une déambulation heureuse avec sa guitare et par son goût pour l’errance, il déshabille le sens de la contrainte sociale, dans «le sujet sexué». Il tisse un lien entre musique et subversion, la question du corps pactise positivement avec le désir au-delà de la verve romantique sur l’activité sexuelle qui le lie à l’hédonisme. Devant l’art flamenco qui transmet cet état de transe chez bon nombre de personnes, j’ai discuté quelques points avec Yacine autour d’un café. Au cours de la discussion, Yacine revient sur son parcours pour nous parler de son premier cours initié par le musicien formateur Malik Hanouche qui laisse une empreinte éducative chez bon nombre de jeunes désireux d’apprendre le Flamenco.
En évoquant la place du Flamenco dans l’espace oranais, Yacine affirme sans emphase que la dimension de la dite musique s’enracine comme étant un héritage, et à ce titre, il cite la figure emblématique d’Antonia La Negra native d’Oran et pour ainsi dire le poète jean Sénac qui selon lui était le Federico Garcia Lorca de la ville d’Oran. Dans ce sillage, Yacine nous a parlé de son groupe «Vengo qui signifie, je viens pour jouer, le noyau s’est constitué au fil de divers spectacles musicaux qu’avait organisés l’institut Cervantès. En décrivant le groupe, notre interlocuteur nous fera savoir que les musiciens viennent de différents horizons, jazz, flamenco, etc… Avant de conclure, Yacine Bouha souhaite que les pouvoirs publics comblent le déficit du désert musical en valorisant l’image de la musique qui se veut «alternative». Enfin, le désir musical comme volupté intime, nous permettra de penser le flamenco sous les auspices de Federico Lorca Garcia qui disait que la poésie, c’est quelque chose qui marche par les rues.

À propos Adnan H.

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